S E P T I È M E P A R T I E |
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L´ordinateur nous permet aussi de visualiser en trois dimensions
des objets que nous avons simplement dessinés sur l´écran. Soit qu´on se procure un de ces logiciels
qui imitent à petit prix ceux des architectes... soit qu´on utilise ces programmes de petits trains virtuels
qui nous permettront, dans quelques années, quand nos PC seront plus rapides, les bibliothèques plus fournies,
et les programmes moins frustes, de véritablement jouer en trois dimensions sur nos écrans. Dans son numéro
spécial Commandes digitales, Loco-Revue nous en présentait quelques-uns, pour nous mettre
l´eau à la bouche ; mais sur le web vous pouvez voir les sites de 3rd
Plan-It ou de 3D Concept & Design,
entre autres !
Et ensuite ? Il a été souvent conseillé de créer, au 1/5
ou au 1/10, une maquette de notre maquette (soit au 1/870 pour du H0). C´est
ce que j´avais fait pour le petit réseau-banquette
dont je vous ai déjà parlé... J´ai d´ailleurs bien failli me laisser prendre au jeu et
me mettre à fabriquer, en plus de la plate-forme, des bâtiments, des véhicules, etc. C´est en
soi-même un réseau, après tout ! Jacques Le Plat (dans le fameux Bons
baisers de Ferbach...) a utilisé ce procédé, jusqu´aux arbres inclus ! Moi,
ça ne m´avait pas empêché de faire des erreurs, microscopiques mais bien gênantes, comme
de placer ma halle à marchandises à une distance des voies à la fois réglementaire et esthétique
mais de constater après construction réelle qu´elle empêchait les locos
vapeur de passer, à cause de leur embiellage hors d´échelle !
Je ne sais pas si c´est l´âge... mais je
suis un peu plus pressé aujourd´hui ! Aussi après avoir fait le plan ci-dessus, j´ai décidé
de fabriquer, en vraie grandeur et sans passer par les stades virtuel ou miniature, un modèle grossier de mes bâtiments
pour contrôler leur implantation au millimètre près. Pour mon usine (la chocolaterie),
j´ai deux choses cruciales à vérifier. Les bâtiments doivent servir de coulisse cachée
à des voies de garage (c´est une usine-tunnel !), en occupant le moins de place possible, mais en laissant
l´espace nécessaire même à la circulation d´une voiture longue de voyageurs, et en courbe
pour corser la chose :¬))) Et il faut que leur masse occupe de façon imposante, mais non écrasante,
un bon quart de mon réseau.
J´ai choisi ce thème au début parce que j´ai habité quelque temps à Marne-la-Vallée, près de Noisiel où se trouve l´usine des Chocolats Menier ; bien que l´usine soit invisible de l´extérieur, le village autour est extraordinaire comme témoin du XIXe siècle manufacturier et paternaliste : toutes les maisons, individuelles mais identiques, alignent leurs briques comme des corons, toutes les rues s´appellent Jean-Menier ou Gaston-Menier (un fou de train !), la mairie, le dispensaire sont marqués dons de M. Menier incroyable ! L´usine a été sauvée et abrite en ce moment le siège France de Nestlé : une modernisation minimale a laissé intacte l´âme de ce... complexe cacaotier !
Dans mon idée (et je peux broder à mon aise tout en évitant les contrefaçons car malheureusement il n´y a pas l´ombre d´un chemin de fer à voie normale à Noisiel [faux !] !), on est en 1955 et le trafic ferroviaire est assez important. L´usine reçoit des wagons couverts (fèves de cacao, sucre, papier, carton...), des frigos S.T.E.F. (lait, crème, fraises de Plougastel à Noisiel une rue s´appelle rue du Champ-de-Fraises !), du charbon (et du fioul depuis quelques années) pour la petite centrale qui fournit de l´énergie à l´usine. À son tour, Menier expédie des couverts et des S.T.E.F. (d´où une petite tour de glaçage pour regarnir les wagons frigos) et pas mal de camions. Sur cette portion de la banlieue Nord de Paris (oui, chez moi, Noisiel est au Nord parce que ça m´arrange :¬), le trafic voyageurs induit par la main-d´oeuvre chocolatière est intense à certains moments de la journée (l´usine travaille en 2 x 8) et surtout à certains moments de l´année ! Pendant deux mois avant Pâques et deux mois avant Noël, des trains pleins de travailleurs saisonniers arrivent d´aussi loin que les Batignolles ou Sucy-Bonneuil (donc avec des rames Talbot de l´Ouest derrière une 141-TC et des voitures Bastille de l´Est derrière des 131-TB et 141-TB...) via la Grande Ceinture. J´étais en train d´acheter petit à petit des bouts d´usine (Kibri) en briques rouges quand j´ai vu des photos de la vraie usine Menier dans un magazine non spécialisé : une merveille, maintenant presque un musée ! Les façades en briquettes de couleurs créant des dessins, l´intérieur grandiose... et surtout la centrale électrique, prodigieuse (je mettrai ces photos sur Ptitrain très bientôt...). En plus de tout cela, j´ai appris qu´en vrai les Menier possédaient leur propre Micheline à usage privé ! La petite Märklin-Hamo que j´avais achetée bêtement sur un coup de coeur (et d´occase) a sa place toute trouvée ! |
J´ai donc découpé dans du carton-plume de trois millimètres les silhouettes de tous les bâtiments de l´usine et j´ai fait circuler les trains dessous, dans la coulisse, et devant, dans la cour de son embranchement particulier.
Fig. 2. Vite fait, le découpage et le collage du carton-plume...
Pour les problèmes d´encombrement des voies, tout allait bien. Mais pour juger de l´effet de masse, ce tas de carton blanc, bof... Aussi j´ai remis en action mon appareil photo et mon imprimante et j´ai fait pour l´usine ce que j´avais fait pour la ville... Les photos proviennent de Noisiel où je suis allé mitrailler l´usine Menier lors des Journées du patrimoine...
Fig. 3. Avec de la couleur, ça change tout...
Ensuite de quoi, je me suis dit que cette silhouette de bâtiment était là pour un bon bout de temps (un an, trois ans ?) étant donné tout le travail que j´avais à faire sur le réseau avant que de m´intéresser à la fabrication de bâtiments réels...
Fig. 4. Un peu de détails, pour se faire la main...
Dans la foulée, et suite à la lecture d´articles sur l´utilisation du vrai bois dans notre hobby, je me suis amusé à fabriquer de vraies charpentes et un vrai quai en bois, ce qui m´a fait la main pour la suite des opérations : découpage, ponçage du bois, mise en couleur, respect du grain...
Fig. 5. Différents plans pour juger de l´effet de masse...
Pour l´instant, ma récompense a été la réaction de mon entourage des non-modélistes, certes, mais un public (1) potentiel : Quoi ? Tu vas détruire ça plus tard pour faire mieux ? Ça va pas, la tête ? Eh bien, figurez-vous que moi aussi ça me fera la peine de remplacer ça par des vrais modèles ! Pour la pose définitive de la voie, les automatismes, etc. je vais pouvoir prendre tout mon temps !
Novembre 1999
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