Quelques petites choses sur
LES VRAIES ROUTES (4)
qu´il peut être utile de savoir quand on est modéliste ferroviaire*
* Mais on peut aussi s´en passer. par Gérard Bianchi
 
(Suite, voir page 1, page 2 et page 3)
Équipements
Quand on a fait la chaussée, les accotements, les fossés et les talus, on a bien travaillé, mais la route est impraticable. Il manque tout ce qui concerne la signalisation et la sécurité. Il y a 50 ans, on se contentait des panneaux élémentaires mais, depuis, on ne peut mettre une route en service sans avoir réalisé des équipements de sécurité.
1. Sécurité
Banquettes. — Cet équipement est d´un vieil usage. C´est un talus destiné à empêcher les véhicules de quitter la plate-forme.
Ce dessin est extrait de l´instruction sur la signalisation routière de 1955. Pour le moment, ignorez la balise et faites comme si le fossé n´existait pas et que le talus continue de descendre vers la gauche. Notez la face presque verticale (on faisait le talus plus large en le compactant et on retaillait au profil prescrit) du côté de la chaussée et la pente à 1/1 à l´extérieur.
Ces banquettes, en terre, devaient être remises en forme régulièrement à la main (prolongée des outils convenables). Lorsqu´elles étaient affaissées, ce qui a commencé à se produire de plus en plus souvent avec la réduction des effectifs d´ouvriers d´entretien, elle formaient un tremplin qui faisait faire un vol plané aux véhicules les percutant rapidement. Elles ont été définitivement abandonnées dans les années 1970. Si vous en représentez, pensez à y faire des coupures pour l´écoulement de l´eau et notamment dans les points bas. Ces coupures ont des bords inclinés, il faut bien que la terre se tienne, et l´ouverture en gueule atteint 1 m. Quelquefois, pour éviter cette discontinuité, ces coupures étaient remplacées par un tuyau de 300 mm passant à travers la banquette.
Glissières. — Les glissières (qui ne sont pas des rails) sont apparues dans les années 60. Il existe des glissières en béton, celles qu´on voit sur le terre-plein central des autoroutes qui ont peu de probabilité d´être utiles ici. On ne parlera que des métalliques.
Objectif : protéger des obstacles dangereux pour un véhicule quittant la chaussée.
L´effet est obtenu par déformation de la file (l´ensemble des éléments assemblés) qui absorbe l´énergie du choc et ne renvoie pas le véhicule sur la chaussée si le choc a lieu à la vitesse et à l´angle d´impact prévus. On appelle “file” une longueur de glissières non interrompues. Les poteaux supports sont espacés de 4 m. Les glissières sont imposées dans différents cas.
Obstacles latéraux . — La face avant de la glissière doit être à plus d´un mètre du bord de la chaussée et à plus d´un mètre de l´obstacle de façon à pouvoir reculer en cas de choc sans que l´obstacle ne soit touché.
Un si bel alignement de platanes est tentant, n´est-il pas ?
Talus de remblai si la hauteur est supérieure à 4 m . La glissière doit pouvoir reculer d´un mètre en cas de choc, avant que les roues du véhicule ne tombent dans le trou.
Risque de chute en milieu hostile (pour les autos évidemment, chacun aura reconnu le domaine familier du dessous). De plus, la différence de niveau est supérieure à 4 m.
Ce pont comporte une barrière renforcée, normalement prévue pour arrêter les poids lourds. Outre le garde-corps spécial, les poteaux aux abords sont doublés. 2 m d´espacement. Avant 1970, on interrompait les glissières à chaque extrémité du garde-corps. Comme il s´agissait de garde-corps ordinaires, c´était un point faible justement là où c´était le plus dangereux, d´où l´invention des barrières renforcées.
Risque de chute dans l´eau . Au milieu du segment, la route franchit un petit ruisseau environ 2 m plus bas et de 2 m de large. Les occupants d´un véhicule tombant, même dans peu d´eau, risquent la noyade selon la position du véhicule après l´accident, par exemple sur le toit.
La longueur du segment est de 58 m. Moins long n´empêcherait pas un véhicule de passer derrière et de tomber dans le ruisseau. Par ailleurs, comme une grande longueur de glissière participe à l´amortissement, un choc à moins de 28 m de l´extrémité n´est pas absorbé correctement. Cette zone est considérée comme inefficace.
La glissière commence 28 m avant l´endroit où elle est utile. Il ne doit pas y avoir de file de moins de 56 m le long d´une chaussée à double sens, même si l´obstacle est ponctuel.
Deux profils sont normalisés :
Profil A : dans les années 60, les glissières étaient fixées directement sur les poteaux comme sur le dessin. Dans les années 70 sont apparus les amortisseurs destinés à s´écraser lors de chocs, comme on peut en voir sur les photos.
Profil B, dit profil allemand : la différence d´aspect est que le profil B montre des surfaces planes, alors que la A est une belle sinusoïde. Les deux ont la même hauteur et se posent de la même façon.
Jusqu´en 1975 environ, on trouvait les deux couramment. Ensuite le B a progressivement été abandonné en France au profit du A. C´est ce dernier qu´on peut voir partout actuellement.
On en voit ailleurs qu´au bord des routes... Sur cette photo (sans rapport avec la route), dans le coin en bas à droite, on voit les deux profils : le A à droite et le B à gauche, derrière le tracteur.
Les chocs en bout de file ayant eu des conséquences, des éléments particuliers sont toujours placés aux extrémités depuis 1970 environ.
Dispositifs de début de file :
Les “queues de carpe” (dispositif d´avant 1970 qui n´est plus agréé) ne sont plus utilisées et sont remplacées par les “quarts de rond” (rayon 1 m).
Si vous voulez en représenter vous pouvez utiliser un morceau de glissière (je ne sais pas si un fabricant de maquettes a ça à son catalogue) de 1,50 m et le marteler sur la moitié de sa longueur pour supprimer l´ondulation, arrondissez largement les angles et courbez l´extrémité pour obtenir un angle de 30°.

Quart de rond. L´extrémité est courbée avec un rayon d´un mètre. La photo se passe de commentaire. Après le chemin, une surlargeur d´accotement a été pratiquée pour permettre aux véhicules en sortant d´accélérer, sans trop utiliser la chaussée. La glissière se trouve ainsi un peu près des arbres. Il y a parfois des choix à faire.

Extrémité enterrée . La partie en biseau est de deux éléments : 8 m. On voit que le biseau a déjà servi un petit peu !
2. Signalisation
La signalisation se répartit en signalisation verticale, les panneaux, et horizontale, les marques sur chaussée. La signalisation, essentiellement liée à une réglementation, la technique ne faisant que suivre, est sujette à des modifications quasi permanentes, encore plus depuis l´harmonisation européenne dans les 30 dernières années. Et ce n´est pas fini.
Ce n´est pas parce qu´un jour une circulaire a fixé de nouvelles règles que l´ensemble du réseau routier s´est trouvé en conformité dans l´année suivante. D´ailleurs il n´y a quelquefois pas de date limite pour la mise en conformité, lorsque les panneaux anciens ne sont pas en contradiction avec le nouveau Code de la route. Il est seulement obligatoire de faire du neuf conforme. Il y a donc encore des vestiges de réglementation anciennes, voire très ancienne. On ne voit quand même pas des panneaux issus de règlements différents dans le même carrefour — enfin, on ne devrait pas en voir.
La connaissance globale de ces règles en perpétuel mouvement relève plus de l´historien que du technicien routier.
Signalisation verticale.
Un excellent résumé de la situation est proposé ici : /pages perso - orange.fr/ signalisation
C´est énorme et montre bien la complexité de la situation. La signalisation est une spécialité chez les techniciens routiers. Quant à l´histoire d´icelle, c´en est une autre qui ne relève pas de la technique routière.
Voici un autre lien instructif :
panneaux en beton. chez- alice. fr/ michelin,
entièrement dédié aux panneaux Michelin.
Quand même on peut tenter de placer des points de repère.
Dans les années 1930, les panneaux étaient à fond bleu comme celui-là...


... qui a été déposé en 2006, mais a quand même survécu plusieurs lustres à l´école qu´il signalait !
Dans les années 60, les panneaux en usage avaient l´aspect qu´on voit sur les images suivantes. On ne va pas les passer tous en revue. Voici une sélection arbitraire issue de la circulaire de 1955. La couleur du fond est crème. Voici les couleurs officielles de l´époque .
Dimension des panneaux : En 1955 le côté des triangles faisait 0,70 m, 1,00 m, ou 1,25 m, le diamètre des disques était de 0,70 m ou 0,50 m le côté des carrés 0,70 m ou 0,50 m. Depuis les années 70, il existe 5 gammes. Le premier chiffre est le côté des triangles, le deuxième le diamètre des disques, le troisième la largeur des octogones (panneau stop) et le quatrième le côté des carrés.
Très grande : 1500, 1250, 1200, 1050 ; Grande : 1250, 1050, 1000, 900 ; Normale : 1000, 850, 800, 700 ; Petite : 700, 650, 600, 500 ; Miniature : 500, 450, 400, 300.
Le choix de la gamme est fonction de la volonté d´attirer l´attention des conducteurs et du risque que ceux-ci aient l´attention détournée par autre chose, avec un souci d´homogénéité (on ne change pas de gamme sans raison valable). Sur une route rapide, les grandes gammes s´imposent. On peut utiliser un panneau d´une gamme plus grande que ses voisins pour signaler un danger particulier. Par exemple un virage plus difficile que les autres ou un passage à niveau mal placé. En abuser ôte de l´efficacité à l´ensemble.
Le bas des panneaux s´installent à 1 m du sol. Chaque fois que le panneau risque d´être caché, y compris temporairement, par un véhicule arrêté par exemple, il peut être placé plus haut. Sur les îlots séparateurs ils peuvent être plus bas. En agglomération, ils peuvent être à 2,30 m pour éviter d´être masqués par le stationnement et ne pas gêner les piétons.
Panneaux de danger.
Les panneaux d´avertissement s´implantent à 150 m de ce qu´ils signalent. Si ce point n´est pas visible à cette distance, le panneau est répété. Cas d´un carrefour juste à la sortie d´un virage. La dimension était, et est toujours, adaptée à l´importance de la route sur laquelle ils sont implantés.
A tout seigneur tout honneur (s´il n´en restait qu´un ici ce serait celui-là...). Les panneaux ont la signification suivante : A7, passage à niveau gardé. A8, passage à niveau non gardé. A8b, C´est écrit dessous et c´est avec ou sans barrières. La mention hauteur limitée correspond à une voie électrifiée. Les balises avec des bandes rouges s´implantent à une distance égale à 50 m multipliée par le nombre de barrettes. Les barrettes sont inclinées vers la route. La position à gauche est un renforcement pour améliorer la perception, sans pour autant dispenser de l´implantation à droite. Ne pas lier la balise à 3 barrettes au panneau qu´elle supporte sur le dessin. Il faut celui qu´il faut.
Toujours un choix de panneaux donnant lieu à des remarques.
Le panneau virage porte un texte. Cela ne se fait plus, on met un panonceau dessous. Le “travailleur” est à fond crème. Il n´était pas encore classé signalisation temporaire à fond jaune (soleil à l´époque). La “bouteille” signale une chaussée rétrécie même si le rétrécissement n´est que d´un côté.
À signaler la balise de priorité “Michelin” en béton, triangle pointe en bas, (voir paragraphe balises ci-après). Elle a été remplacée par le panneau “cédez le passage” ou le stop.

La suite...
Gérard
Bianchi,
Juin 2008
 
Les schémas et photos sont D.R. ou © G. Bianchi pour Ptitrain.
À propos de Ptitrain. — Directeur de la publication : Christophe Franchini.
Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet.
07/05/2008 22:36