2. Passons à la pratique...
Fig. 5. -- (Cliquer ici pour agrandir l´image) Surplombant la tranchée face à la gare, mes trois premiers bâtiments : au début (à droite), les fenêtres et les vitrines sont des rectangles gris... À gauche, des reflets dans la vitrine, une fenêtre ouverte, des géraniums... Au milieu, une vraie boutique en profondeur, des rideaux aux fenêtres... J´ai essayé les trois types de toitures possibles, zinc, tuiles, ardoise.

Les outils informatiques
Pour des raisons professionnelles, je possède les logiciels Adobe Illustrator (justement conçu pour du dessin géométrique) et Adobe PhotoShop (pour la patine et l´“aérographe” ; aussi pour ajouter du “grain” au papier, c´est-à-dire du crépi aux murs) et c´est donc ceux que j´utilise ; mais je suppose que tout programme analogue sur n´importe quel ordinateur doit pouvoir faire l´affaire -- d´ailleurs, c´est CorelDraw qui est souvent utilisé (cf. les modèles chouettes de V. Pitard http://monsite.citeweb.net/Maison.htm), ou bien des programmes de 3D. À vous de voir !

Mise à jour : Adobe nous offre à bas prix une version très intéressante de son cheval de bataille professionnel, Photoshop — son nom est Adobe Elements, disponible pour Windows ou Macintosh OSX ! Voir plus loin, page 5...

De toute façon, il faut profiter des capacités “géométriques” des logiciels pour fabriquer vite des dizaines de fenêtres identiques, des centaines d´ardoises, des milliers de briques ! On en fait une, puis on copie, colle, colle, colle... Ou, si le programme sait le faire, on crée un “motif”. De toute façon, le résultat sera froid et trop parfait ; ajoutez du “bruit”, du grain, de la saleté, de la patine ! Les aérographes de nos logiciels de dessin ou de retouche photo sont là pour ça — pas chers, pas bruyants, et pas la peine de les nettoyer après :¬)
Un point important : pour les noms de magasins, publicités, etc., il est bon d´utiliser des caractères typiques de l´époque que l´on est en train de reproduire — on trouvera des idées dans des photos d´époque, cartes postales... On trouve facilement des polices de caractères “fantaisistes” sur Internet ou dans les CD gratuits des revues d´informatique.
La photo à l´aide
Je me suis rendu compte qu´on pouvait très facilement “importer” dans ces logiciels des photos qui vont venir ajouter encore un grain de réalisme... Soit qu´on photographie des morceaux de bâtiments réels (cas de la fenêtre et de la porte cochère ci-dessous ), soit qu´on récupère par numérisation au scanner des images déjà parues çà et là (cette plaque de rue provient d´une pub dans une revue informatique !). Dans les deux cas, on numérise le plus gros possible (scan à 600 ou 1 200 dpi), on retouche, on corrige (ici le nom de la rue, en Arial Black), puis on change les dimensions de l´image aux dimensions réelles à l´échelle ; la résolution finale que j´ai choisie est de 150 dpi (pour une impression à 720 dpi).
 
Fig. 6.   
L´imprimante que j´utilise est une “familiale”, Epson Stylus à jet d´encre, et les résultats en sont assez convainquants en terme de détails et de couleurs. Certes, ces petites machines peinent à imprimer des nuances chatoyantes, mais ça tombe bien, car c´est exactement le contraire qu´on va leur demander !
Le papier
On ne peut pas utiliser n´importe quel papier pour l´imprimante ; il ne doit pas “boire” l´encre (ni plus tard la colle) et doit être à peu près fidèle aux nuances que vous avez choisies sur l´écran ; les papiers couchés que chaque constructeur vend ou conseille pour ses machines sont les plus appropriés ; chez moi, c´est du papier Epson 720 dpi (0,17 euro la feuille). Inutile (à mon avis !) de choisir du “papier photo”, trop épais, trop cher, trop brillant.
Les cartons
On ne peut surtout pas “recycler” n´importe quel matériau. Mes premiers essais ont eu lieu sur du carton de récupération (genre emballages de chemiserie), et ce fut la catastrophe : gondolage assuré, coupe difficile, etc. J´ai aussi eu (il paraît que je suis le seul !) des problèmes de gondolage lors du collage sur du carton plume de 3 mmm, qui de toute façon aurait été trop épais pour permettre l´ouverture de portes et de fenêtres. C´est alors que j´ai rouvert le bouquin de Clive Lamming et Alain Pras et que j´ai mis à profit les huit pages qui m´ont fait passer la déconvenue de son achat.
J´ai trouvé chez Graphigros (chaîne de magasins d´arts graphiques) — mais nos confrères “en régions” pourront aussi trouver en VPC chez Zébulon — du carton “contrecollé” dont le travail est un vrai plaisir — bien plus agréable, à mon humble avis, que le plasticarte ! Les coupes à 90° sont faciles, et à 45° pas difficiles du tout ; un peu comme du bois, ce carton se finit à la lime à ongles en carton et ne gondole pas lors des collages ! Les épaisseurs sont de 0,5, 1 et 1,5 mm (en 1 mm, une feuille de 325 x 250 mm coûte au pire 0,70 euro, et on en tire une maison entière). Le 1 mm est bon pour une façade si on a à l´évider (fenêtres, vitrines) ; le 1,5 mm est parfait pour les toits, les murs porteurs, les planchers qui servent de renforts.
Fig. 7. — Non seulement, ça garnira bien le décor,
mais on peut aussi s´amuser comme un fou ! Par exemple, quand j´ai dessiné à la souris : les poissons, le carrelage de la boutique, les ardoises avec les prix en “nouveaux francs” !


Les colles
Comme les papiers, les colles aussi posent problème et le pot de colle blanche “tout terrain” m´a assuré la catastrophe : le papier d´imprimante, détrempé, voit les couleurs imprimées se tacher, et encore une fois ça gondole... Quant aux colles d´écolier en “stick” elles seraient connues (cf. C. Lamming - A. Pras, op. cit.) pour ne pas bien tenir dans le temps...
Pour les petits détails, la colle “Limpidol universelle” me plaît bien et, pour les grandes surfaces, la colle en bombe aérosol “3M 7024 Photo Mount” est royale (je n´ai pas osé utiliser de la colle “repositionnable”). Attention, elle salit facilement l´environnement et il faut bien circonscrire la zone de travail avec moult papier journal ! Pour les moyennes surfaces et les raccords, le pinceau à colle “Uhu Pen” peut être utile, mais rapidement et en couche fine, pour ne pas trop détremper le papier !
Les outils
Cutters : un couteau X-Acto n° 11 est indispensable, en plus de votre cutter “normal” réservé au gros oeuvre. Des lames X-Acto de rechange peuvent être achetées “en gros” (par 25), car on est amené à les changer souvent (les “pros” les réaffûtent à la pierre à aiguiser ; voir la FAQdes modélistes papier américains, qui est une mine d´or ! (NDLR :  cette adresse a hélas disparu.)
Les limes à ongles en carton font sûrement déjà partie de votre attirail ! Elles font merveille pour finir les angles, ou les chants d´une fenêtre ouverte. Le carton contrecollé se travaille aussi agréablement que du bois tendre.
Vous aurez besoin de nombreux objets parallélépipédiques et lourds pour forcer à angle droit les murs et les planchers pendant le séchage de la colle : j´utilise pour ce faire des boîtes à diapositives vides lestées de plomb, et aussi des cornières pour charpente (chez Castorama, etc.), épaisses, lourdes et... pas chères.
Les peintures
Pour mettre en couleur ce que l´imprimante ne peut pas faire (la tranche du papier après les coupes, le chant des ouvertures de portes et fenêtres, les cheminées, etc.), j´utilise tout ce qui traîne dans mon atelier : un stylo feutre, une quelconque gouache “scolaire”, de la peinture à maquettes ou de l´acrylique (juste en passant, je trouve que la série Déco Mat-Opaco de Lefranc-Bourgeois a un excellent rapport qualité/prix)...
Les détails
On lit partout ce conseil : dans vos décors, créez des points auxquels l´oeil du spectateur s´accrochera, par amusement ou curiosité... On ne nous dit pas si c´est pour que le spectateur ne remarque pas tout ce qu´on a négligé de détailler :¬) mais ça explique peut-être les femmes nues du catalogue de Preiser ?
Or donc, pour chaque bâtiment, prévoir un “truc” qui va captiver le public : des fenêtres ouvertes sur une scène familiale, une boutique réelle, vrais fers forgés photogravés pour les balcons, etc. Remarquez bien que ça n´est qu´après la contruction que vous aurez la surprise de savoir ce qui aura la vedette : “mes” spectateurs aiment beaucoup les jardinières de balcon, par exemple, c´est-à-dire du plastique (carré Evergreen de 1  x 1 mm, coupé à la longueur de la fenêtre, peint en rouge brique, et saupoudré de flocages — Busch Laubflocken 7332 ou Heki Streumaterial 3317 Blumenwiese, voir fig. 7).
Les plans, les photos, la documentation
J´avais beaucoup négligé les plans des immeubles : souvenez-vous qu´au départ j´étais parti pour faire des monstres uniquement destinés à matérialiser mon plan de ville afin de vérifier sa masse et sa plausibilité — et ça n´est que petit à petit que je me suis pris au jeu. Et la première fois que j´ai collé une figurine à une fenêtre, ses pieds dépassant à l´étage du dessous, j´ai compris qu´on ne pouvait pas faire n´importe quoi, même pour un fond de décor !
Maintenant, je suis beaucoup plus sérieux ; je vais traquer, appareil photo en bandoulière, des immeubles parisiens réels, leurs fenêtres, leurs rideaux, leurs portes...
Je pense qu´il n´y a rien à ajouter pour cette fois-ci — l´investissement est si faible que rien ne vous empêche de vous essayer tout de suite à cet art, quitte, comme moi, à jeter vos toutes premières productions !
À vos truelles !


P.-S. — “CLAP” ? C´est les initiales de Clive L. et Alain P., les auteurs d´un fameux livre !
“2000” ? C´est pour marquer le temps qui a (heureusement !) passé depuis l´obligation d´utiliser le tire-ligne...

Jidé

Mai
1999.

Ptitrain, l´e-magazine du train éclectique... — Directeur de la publication : Christophe Franchini.
Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet. — Rév. 07/21/2003 8:55