La page de Ricky
4. Du peintre au maçon
ou Comment construire un bâtiment en carte plastique

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Pour réaliser un bâtiment en carte plastique, il est des connaissances nécessaires : comment travailler le plastique, quels matériaux et quel outillage utiliser, etc. Dans ce premier chapitre, je vous détaillerai par le menu ce qu´il vous faut pour réaliser votre premier bâtiment.
1re partie : Théorie, matériaux, conseils
Liège 1975. Comparez avec la photo en fin d'article.La 6308 de la S.N.C.B. rentre haut le pied à Kinkempois, passant l´Ourthe non loin de l´Institut Gramme. (Photo Laurent Fraikin — A.L.A.F.)
Pour ce qui est du matériel, la base sera de la feuille de carte plastique (“Plasticard”, “Plasticarte”) de 2 ou 3 mm d´épaisseur. C´est sur cette feuille que l´on reportera le tracé des différents murs du bâtiment. On s´en servira aussi pour réaliser le sol, ainsi que les planchers des étages (uniquement si l´on veut réaliser un intérieur décoré). La découpe se fait avec un cutter X-Acto ou Excell muni d´une lame numéro 11 (triangulaire). On se sert d´une latte ou règle métallique comme guide de coupe, et cette coupe est réalisée sur un tapis de coupe ou une plaque de bois — afin d´éviter de couper dans votre belle table de salon 

Rangée de maisons bordant la ligne Liège-Bruxelles à la fin de la rampe des plans inclinés à Montegnée.
On commence par tirer deux ou trois traits de gravure avec la pointe retournée de la lame (pas le côté tranchant) en se guidant avec la latte métallique. Ensuite, on poursuit en faisant quelques traits avec la pointe côté tranchant. Pour une coupe nette, on plie alors le plastique le long de ce trait de coupe, ce qui provoque une brisure nette. Les découpes intérieures (portes, fenêtres) sont plus délicates à réaliser. On suit la même méthode mais, après les traits de coupe, on se sert d´une lame droite (genre ciseau à bois) que l´on enfonce bien droit dans le trait de coupe en lui imprimant un mouvement oscillant (1). Une fois la découpe réalisée, on limera les angles afin d´obtenir une coupe nette et d´équerre.
Ensuite, on arrive à l´étape du revêtement du mur. Si l´on veut réaliser un soubassement en pierre ou en béton, il faut le faire avant le revêtement du mur.
On utilise une languette de carte plastique de 6 mm de large et de 2 mm d´épaisseur pour le soubassement en béton, tandis que l´on utilisera une languette de 1 mm d´épaisseur dans le cas d´un soubassement de pierre de taille ou de moellons (il faut compter qu´il y aura l´épaisseur du revêtement imitation pierre qui s´y ajoutera). On colle alors ce soubassement en place en prévoyant des débords sur les pignons afin de masquer la tranche de la façade lors de l´assemblage final.
Bâtiment ferroviaire en briques situé dans les installations du dépôt de Kinkempois (Liège). Un exemple de briques cuites par les intempéries, les poussières et crasses en suspension dans l'air.
Une transformation sur base M.K.D. avec linteaux et seuils “maison”, plus recouvrement de briques Slaters et de bardeaux de bois à l´américaine.
Pour le revêtement imitation pierre, on colle un morceau de feuille de plastique fausse pierre (de Slaters) sur la bandelette de carte plastique, puis on la découpe aux dimensions (attention : dans le cas des pignons, il faut laisser dépasser un brin le revêtement sur les côtés pour le joint de raccord, comme ci-dessus).
Une fois le soubassement réalisé, on peut alors coller en place une feuille d´imitation brique de Slaters ou du papier émeri grain fin (dans le cas du crépi) sur le reste du mur. On découpera dans ce revêtement les découpes des portes et fenêtres par l´intérieur du mur.
Linteaux, seuils et chambranles des fenêtres
Autre transformation M.K.D. Ici aussi, les liteaux et seuils sont de fabrication maison. Le sous-bassement et le parement de mur est en feuille de briques Slaters.
Pour les seuils et linteaux, j´utilise du profilé Slaters de 1 mm d´épaisseur et de 2 ou 3 mm de large. Je découpe mes seuils et liteaux dans ce profilé que je colle par-dessus le revêtement du mur. Si le seuil ou le liteau sont proéminents, je les réalise dans une feuille de carte plastique de 1 mm d´épaisseur, puis les colle en place. Pour ce qui est des chambranles, je les réalise soit en feuille de brique, soit en papier émeri. Une fois coupés à dimensions, ils sont collés en place.

Réalisation d´une porte et d´une fenêtre
Nous avons une porte simple à vitre 3 pans et une fenêtre à vitre 3 pans. On doit au préalable tracer sur papier le contour intérieur de la baie de porte et de fenêtre d´après le mur réalisé (en effet, il y a toujours des différences minimes entre le plan et le mur fini).
Une fois ces baies tracées sur papier, on trace le schéma de la fenêtre dans le cadre de la baie. On colle alors le schéma sur une plaquette de carte plastique avec du papier de masquage autocollant (Tesa, etc.). Sur ce schéma, on pose alors une feuille de plastique transparent de 1 mm d´épaisseur qui représentera le vitrage. Cette feuille est elle aussi collée au papier de masquage Tesa. C´est sur cette feuille de plastique transparent que nous collerons les profilés (2) pour monter le châssis de la porte ou de la fenêtre ( voir schéma). Une fois le châssis réalisé, je découpe la fenêtre en laissant un bord de 2 mm de plastique transparent de chaque côté (pour collage sur l´intérieur du mur).
Après l´avoir assemblé à blanc pour tester son emboîtement dans la baie, je peins alors le châssis de fenêtre avec les peintures acryliques Vallejo. Les portes et fenêtres sont toujours numérotées, car elles seront montées après assemblage et peinture des murs.
Assemblage des murs
Une fois les murs préparés, j´aborde l´assemblage de ceux-ci. Je les colle en pensant bien que les angles des murs de façade se collent sur le bord intérieur des pignons. Une fois les murs collés ensemble, je découpe les bouts des revêtements qui dépassent pour obtenir un raccord parfait au niveau des joints. Un petit coup de lime, et le tour est joué. Si vous voulez réaliser des parements d´angle en brique, il vous faudra alors, comme moi, découper des languettes de feuille de brique et les coller en place pour imiter le parement d´angle. Une fois que l´assemblage est fini et sec, on peut alors aborder l´étape de peinture et de patine des murs.
Peinture et patine des murs
Pour la peinture des murs, j´utilise encore les acryliques Vallejo. Je commence par passer une couche de blanc de “primer” que je laisse sécher une bonne demi-heure.
Ensuite, je recouvre les briques uniformément avec deux couches de brun brique (“cavalry brown”) en laissant sécher une demi-heure entre chaque couche.Une fois la peinture sèche, j´applique un lavis fortement dilué de couleur mortier (“deck tan”) sur l´ensemble de la brique. De par sa dilution, ce lavis se déposera par capillarité dans les joints de brique, tout en couvrant la surface de brique d´un voile beige léger, ce qui permet de fondre la teinte des briques. Comme la teinte des briques peut varier sur un même mur, je soulignerai certaines d´entre elles avec la pointe d´un crayon d´aquarelle légèrement humecté. Ensuite, je peins le sous-bassement en pierre selon la même technique (en substituant du “basalt grey” au brun brique) tandis que les linteaux et seuils recevront une couche de “basalt grey” sans lavis.
Gros plan sur la façade d´un des bâtiments. On peut se rendre compte que la peinture et la patine peuvent transformer le plastique en imitation presque parfaite de brique et pierre.
Dans le cas d´un crépi, je peins le revêtement avec un mélange de “deck tan” et d´ocre jaune puis, après séchage, je brosse à sec avec un mélange de “deck tan” et de blanc pour faire ressortir ce crépi. Pour la patine, j´utilise alors des poudres de craies de pastel (comme pour la patine des wagons).
Pose des fenêtres, portes et rideaux
Une fois la peinture sèche, on peut alors coller en place les portes et fenêtres. Si l´on veut laisser des fenêtres sans rideaux, mais ne laissant pas voir l´intérieur (genre verre dépoli), on colle alors sur le dos du vitrage un morceau de papier calque Canson. Il laisse passer la lumière mais, de par ses caractéristiques, il masque l´intérieur.
Par contre, pour réaliser des rideaux blancs (ou colorés) laissant passer la lumière sous forme tamisée, j´utilise du papier à cigarette que je teinte, si nécessaire, à la peinture Vallejo fortement diluée. Une fois collé en place, il imite bien le “look” des rideaux.
La toiture
Pour la toiture, j´utilise de la plaque de tuiles de la marque Auhagen, Kibri ou Vollmer. Je découpe dans ces plaques les deux pans de toitures et je n´oublie pas de biseauter à angle le faîte (à l´intérieur) pour qu´ils s´assemblent sans blanc. Une fois les deux pans de toiture collés sur le bâtiment, je colle une faîtière en place (Kibri, Vollmer ou Auhagen). Dans le cas d´une toiture en ardoise, la faîtière est en zinc et est réalisée avec une fine feuille d´aluminium ménager ou, pour ceux qui connaissent, avec du “Bare Metal Foil”, feuille ultra-fine de métal autocollante utilisée par les aéromodélistes.
Gros plan sur une toiture en ardoises, réalisée avec les plaques Auhagen. Après pose des faîtières en zinc (Bare Metal Foil), les toitures sont peintes et patinées aux acryliques Vallejo. Ici, un zoom sur un toit en bardeaux. Même technique de peinture et de patine pour un rendu totalement différent.
Je puis alors aborder l´étape de pose des chaînages réalisés en profilés Evergreen passés au papier de verre pour imiter les veines du bois. Il faut aussi ne pas oublier la pose de la ou des cheminées qui sont réalisées en carte plastique (ou en tube de plastique carré) revêtue d´imitation brique ou crépi et dont la dalle sommitale est réalisée en carte plastique elle aussi. La toiture est peinte en couleur tuile (Vallejo “flat brown”) ou ardoise (mélange de noir et de gris basalte + brossage à sec au blanc). Pour donner des teintes différentes aux tuiles, j´utilise la même méthode que pour les briques, c´est-à-dire les crayons d´aquarelle. Pour la patine, elle est réalisée avec des poudres de craies de pastel.
Finitions et détails
On peut alors, une fois le modèle achevé, ajouter les derniers détails. Les gouttières et corniches sont tirées d´une pochette Auhagen ou M.K.D. (pour ceux qui peuvent encore en trouver...). Les supports de lignes téléphoniques et/ou électriques sont réalisés avec des éléments M.K.D. ou alors en fins profilés Evergreen suivant le schéma ci-contre. Si l´on veut réaliser une affiche peinte sur le mur, il faut réaliser une photo d´une affiche, la “pâlir” par ordinateur, puis la tirer à l´imprimante sur papier de décalque à l´eau.

Liège, 2002. Ce que peut donner un bâtiment en construction intégrale sur un réseau bien réalisé. (Photo Laurent Fraikin sur le réseau de l´A.L.A.F.)
Attention, après impression, il faut vaporiser un vernis fixateur spécial sur la feuille de décalques (disponible dans la gamme Micro-Scale) pour protéger l´affiche et éviter que l´encre ne s´efface avec l´eau. Une fois posée en place, la décalque est vernie au vernis mat Revell puis légèrement patinée aux craies de pastel.
Ensemble de bâtiments réalisés sur base d'un kit M.K.D. : les maisons jumelles. Avec un peu de carte plastique, de briques et un zeste de doigté, on peut arriver à des résultats époustouflants.
Voilà pour la théorie et les conseils de base. Dans les trois prochains articles de cette tétralogie, je vous expliquerai comment réaliser un bâtiment de P.N. en carte plastique par vous-même, en partant du gros oeuvre et de la lecture des plans vers la décoration intérieure en passant par la fabrication de fenêtres et portes ouvertes ainsi que de toitures “maison”.
(1) Doc Toofoo, confronté aussi à ce problème, utilise un outil spécial.
(2) J´utilise les profilés de la gamme Evergreen, disponible chez Schleiper (rue Cathédrale à Liège, non loin de la Grand-Poste). (Mais — rassurez-vous — ces matériaux sont très courants dans les bonnes boutiques de modélisme du monde entier. — N.D.L.R.)
Nota bene : Éric Sainte, dit « Ricky56 », présente d´autres réalisations et tours de main sur son propre site Internet, Trainmaster. Il est membre de l´A.L.A.F. On peut lui écrire, et c´est aussi un membre actif de la liste Ptitrain.
Cet article a été auparavant publié dans la revue de l´A.L.A.F. Grâce à l´aimable autorisation de ce club, cet article peut être publié dans les pages de Ptitrain.



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À suivre...

Ricky.

Avril 2002.
Ptitrain, l´e-magazine du train éclectique... — Directeur de la publication : Christophe Franchini.
Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet. — Rév. 09/07/2002 7:29