Un village... d´Autriche ! (12)
par Séb Brønsted
Pour comprendre la genèse de ce projet de village, retournez voir les pages précédentes !
Bonjour à toutes et tous,
Mon propos n´est pas ici de faire dans le grand luxe d´un Clap 2000 combiné à de subtiles productions de l´Obsidienne, mais plus prosaïquement d´éviter à l´utilisateur lambda de kits du commerce des déceptions à la hauteur de ses dépenses (en temps et en argent).
Jidé nous a décrit les défauts de ces kits en plastique dans l´un de ses excellents articles sur Ptitrain. Cela dit, ceci ne “solutionne” pas la vie du quidam commun — enl´occurrence moi — qui doit achever un village avant que sa fille n´ait atteint l´âge de lui donner des petits-enfants .
Donc, je me retrouve à faire du kit en plastique. Ici, le but est supposé être la construction d´un village autrichien ou équivalent, et le choix s´oriente de suite sur Faller et Vollmer, dans ce cas en N (1/160). Toutes deux sont des marques allemandes mais ceci ne joue en rien, pas plus que le thème ou l´échelle, sur les propos ci-après.
Le véritable problème vient de la qualité des kits offerts au public ainsi que des “grosses mains” dudit public (les miennes en particulier car j´ai deux mains gauches... très gauches).
Avant de présenter une ou deux petites choses, je me permets de vous montrer le matériel auquel je me suis restreint :
une pince coupante (qu´on utilisera pour dégrapper les pièces en positionnant le côté plat vers la pièce à extraire) ;
une lime plate (de petites dimensions) ;
un tube de colle Contacta Revell (utiliser la colle avec parcimonie) ;
une loupe sur pied (ici une lien “troisième main” ) ;
une pince à linge (de préférence en bois pour ne pas être sujette à des réactions indésirables avec la colle) ;
un capuchon métallique pour jus de fruit (pour l´usage de ce machin... exotique, voir ci-après)...
Nous verrons ensuite qu´il a fallu ajouter deux limes encore plus fines (une de section ronde et une de section triangulaire)
Avant de commencer : rappelez-vous de toujours travailler reposé. En cas de fatigue, abandonner ! Les erreurs seront tout de suite là et difficiles à rattraper !

En premier lieu : le niveau de fabrication des kits...
Tout d´abord, les moules qui sont utilisés ont une tendance à s´user et il s´ensuit un lot de bavures dont certaines sont inadmissibles. Que penser de bavures sur une série de tuiles faîtières dont la dimension est de même ordre de grandeur que les tuiles elles-mêmes ? Plus grave : deux pièces supposées s´assembler parfaitement ne tombent pas toujours juste.
Voici un exemple : j´ai acquis cette petite église chez Vollmer. Le découpage initial de la grappe n´a pas été fait correctement à la sortie de la presse et le toit a été raboté un peu trop. J´ai écrit à Vollmer qui m´en a envoyé un en remplacement immédiatement. Le service après-vente est donc excellent mais le facteur s´est efforcé de faire entrer le toit dans l´enveloppe par la fente de la boîte au lettres et l´a faussé partiellement. ça a pu se rattraper fort heureusement. Ce qui fait l´exemple ici, c´est que j´ai donc eu en main deux dômes pour le clocher. Les deux présentaient les mêmes défauts.
Notez le très beau décroché, agrandi à outrance sur la photo de droite... Je ne parle pas de la bavure sur le toit qui n´est pas rattrapable simplement (flèche, photo du centre)


Résolvons le problème numéro un avec le matériel dont nous disposons.
Coupons des morceaux aussi fins que possible de la grappe de support, que nous mettons dans le bouchon métallique. Ajoutons quelques gouttes de colle et tentons de mélanger en appuyant un peu (un cure-dent peut faire l´affaire, j´ai utilisé la bague du bouchon !). Remettons quelques gouttes de colle lorsque le mélange durcit. Dès que l´infâme mixture est un peu molle, déposons-la sur le décroché un peu en retrait (il ne faut pas que ça se voie de trop).


Attendre un peu pour que le plastique de la pièce principale fonde aussi puis ramener doucement le mélange vers les bords (ajouter au besoin et très parcimonieusement de la colle). Durant cette manipulation le mélange ne doit pas sécher totalement. Approcher la partie la plus souple pour boucher le décroché et poser en pressant le pièce sur son point de destination. Attention, ceci est une opération qui peut être longue si — comme dans ce cas d´un clocher — la ventilation intérieure est faible. En effet l´apport excessif de colle fait que le temps de séchage complet est beaucoup plus long. Heureusement, il y avait un programme sympa à la télé...
Quelques légers coups de lime plus tard, nous avons partiellement rattrapé le défaut indiqué par la flèche. Il faudra essayer de l´orienter vers l´arrière du module pour en cacher l´aspect hideux !
Autres exemples de difficultés liées à la qualité ou aux contraintes de fabrication des kits, et qui ici nécessite l´emploi de limes plus fines (ici pour une maison) :
— L´échelle-barrière truffée de bavures de moins d´un millimètre de dimensions (qualité) (première photo ).
— Les rambardes qui sont liées à la grappe par des pattes plus grosses qu´elles. La pince coupante peut ou ne peut pas des prodiges, cela dépend des jours et de l´état du manoeuvre à l´ouvrage ! (première photo)
— La dimension exagérée des gouttières (ici comparées à une allumette) ( 3e photo) ou même l´épaisseur des volets ( 2e photo) qui les rendrait difficiles à manipuler.


Que faire ?
En ce qui concerne la première photo, prendre son mal en patience et utiliser des limes encore plus petites que celle choisie à l´origine. Pour ce qui est de la deuxième, j´ai renoncé aux gouttières et aux volets. Pourquoi ? Les gouttières défiguraient totalement les modèles (elles seront remplacées ultérieurement par d´autres, plus réalistes). Elles ne sont ni à la dimension, ni réalistes pour ce qui est de leur lien au toit. En effet, la neige doit pouvoir glisser et passer au-dessus, d´où un positionnement plus bas que le positionnement “à la française”, si j´ose m´exprimer ainsi. Les volets ne sont pas si courants en Autriche. Dans ce kit, ils sont, de toutes les façons, pas beaux, impossibles à positionner correctement (verticalement et horizontalement), munis de bavures (voir photo du détail ci-dessus), bien trop épais...
Tout n´est pas horrible... Les constructeurs s´assurent par exemple que les murs soient bien “coupés” à 45 degrés. Ce qui signifie qu´il n´y a pas de place pour autre chose, comme par exemple une micro-bavure, une couche de colle, etc. ! On va encore dire que je suis un râleur jamais content ! Voici donc ce que je fais subir à mes murs : un petit coup de lime sur la partie interne. Attention de ne pas accrocher la partie externe visible ! De même je m´assure de raboter le bord de murs en briques, pierres, bois apparent qui généralement sont dotés de bavures et qui ne vont donc pas s´ajuster correctement. Enfin, j´essaie d´ajuster les parties qui doivent l´être avant celles qui peuvent ne pas l´être. Ainsi, un mur de soubassement en pierre doit être parfaitement ajusté au coin pour que les moellons coïncident alors que la partie plus aérienne pourra survivre à un décalage (léger) qui sera rattrapé à la lime en partie haute (voir les photos ci-après, prises sous la loupe). Notez le jour entre le soubassement en moellons et la partie principale. Ceci n´est pas catastrophique et sera quasiment invisible in fine. Noter également — même si mes doigts ne sont pas visibles sur la photo — qu´il s´agit d´un positionnement à la main sous la loupe. Il vaut mieux faire ce genre de manip “à blanc” avant de coller si on veut limiter les surprises comme par exemple : la dernière partie n´a pas assez de place pour s´emboîter ou encore le toit ne passe pas. Ne riez pas, cela m´est arrivé encore cette fois malgré plus de vingt-cinq années à faire des maquettes ! Il m´a fallu plus de deux heures de coups de limes pour remettre les choses dans l´ordre.


Autre astuce, ne pas utiliser si possible le support prévu !
La plupart des maquettes sont livrées avec un support sensé figurer un peu d´herbe, un bout de trottoir...
Ces derniers sont au mieux passables et surtout extrêmement difficiles à intégrer proprement dans un décor.
Aussi je les utilise... comme guides ! Je positionne les pièces dessus et vérifie que tout sera d´équerre puis je passe au collage étape par étape en revérifiant régulièrement que ça se passe bien. Un conseil : essayez de faire tous les murs sur la même lancée (maxi deux heures pour l´ensemble des murs). Si cela se termine assez mal, la colle n´a pas encore eu le temps de totalement finir son oeuvre et soit on peut forcer dans l´alignement des murs (verticalement) pour les repositionner correctement, soit on peut décoller doucement les morceaux (appliquer une traction/torsion/pression régulière mais ne pas forcer car soit une déformation irrattrapable soit une casse sont à prévoir). Noter que la casse n´est pas ce qu´il y a de pire. La colle est là pour ça (sur la photo de l´église, d´autant plus que celle-ci est floue, me direz-vous, on ne distingue pas le recollage d´un encadrement cassé par inadvertance).

En second lieu : les composants des kits :
En général ils sont généralement adaptés à la reproduction assez fidèle d´un modèle grandeur nature existant. Qu´est-ce qui vous oblige à avoir ce même modèle sur votre module ou votre réseau ? Rien, sauf si c´est exactement celui-là que vous reproduisez. Aussi, n´hésitez pas à modifier légèrement certains kits quand vous le souhaitez ou/et lorsque cela est possible.
Les vitrages
De même, modifiez les vitrages. Certains kits sont fournis avec des vitres en plastique épaisses d´un millimètre. Remplacez-les par un film rigide d´un dixième (les emballages alimentaires en regorgent). Cela est de fait plus réaliste et a un autre avantage, voir ci-dessous.
Eclairage
Si vous désirez éclairer vos modèles (trains de nuit par exemple), vous souhaitez en faire de même pour vos habitations. Les grandes marques vous fournissent des “caches” noirs en papier entrecoupés de fenêtres toutes plus moches les unes que les autres, qui ne se collent pas bien et qui ne s´emboîtent pas parfaitement dans les bâtiments réalisés. Pour l´église ci-dessus, c´est un désastre complet. Le rendu est très laid, même à un mètre (pour du N il fallait le faire !)
Mes solutions peu coûteuses
Ajout à notre trousse à outils d´un tube de gouache noire (pas un petit !) et d´un pinceau. Ne pas prendre de la peinture à maquette (là, je vais en surprendre plus d´un !). Trouver la décoration adéquate pour les fenêtres et autres ouvertures sur le Net ou dans les publicités que l´on reçoit à la maison. C´est ce que je fais pour mon église en N. On peut comparer ci-dessous les vitraux proposés et ceux que je compte y mettre... J´en suis encore à faire des essais en variant les compositions à partir des vitraux réels téléchargés.

On voit très bien sur la photo de gauche la “beauté des caches” (notez que je n´ai pas l´intention d´utiliser les miens de la photo de droite). Comme ils ne tomberont jamais juste et avec les vitrages de 1 mm d´épaisseur, le résultat sera toujours moche !
L´intérieur des bâtiments ne sera pas soumis à de lourdes manipulations, aussi peindre l´intérieur des bâtiments en noir à la gouache n´est-il pas idiot (à l´extérieur où un dépoussiérage régulier est à prévoir, c´est une autre affaire). L´avantage de la gouache, c´est qu´en mettre sur les vitrages n´est pas irréversible. Je me suis fait une sorte de grattoir avec un reste de grappe de moulage et je nettoie les vitres après badigeonnage.
Les joints entre les différents composants des kits (au niveau des coins et du toit mais aussi le long des vitres et des portes...) devront faire l´objet d´une attention particulière. Au final, le kit ne doit pas présenter de fuites lorsqu´il est exposé à une lumière forte (le soleil, c´est un bon test, et qui ne coûte pas cher) ou lorsqu´il est éclairé de l´intérieur. Au passage, ne prenez pas nécessairement les ampoules proposées par les constructeurs. Elles chauffent souvent beaucoup trop.

Eclairage, méthode “exotique”
Pour ma part, j´utilise une méthode exotique. Je considère que le modèle une fois posé ne doit pas être déplacé. En effet, vous avez fignolé la pelouse à proximité d´une maison et vous devez enlever cette maison pour réparer cette bête ampoule qui a attendu tous les tests pour claquer lorsque le décor est fini ! Inutile de vous dire que vous aller abîmer quelque chose en sortant le modèle ou en le replaçant !


Je ne détiens pas la solution mais au moins une : je pose des canalisations !
En clair (ici je suis en N, donc j´ai un peu moins de place pour les rayons de courbure qu´en HO, mon échelle habituelle), j´ai placé l´ensemble de mes bâtiments sur une couche de polystyrène extrudé. Ceci me donne trois centimètres d´épaisseur pour passer un câble.
Depuis un petit pupitre de contrôle et d´éclairage, je fais partir des bouts de tuyau d´arrosage (petit débit) qui vont chacun vers un bâtiment que j´éclaire. Ces tuyaux sont autant des gaines de protection que de guidage. Les rayons de courbure ne doivent pas être trop violents. Fignoler les sorties des tuyaux pour qu´elles ne soient pas trop visibles de l´extérieur. Lorsque tout est en place, il ne reste plus qu´à passer de petites lampes au bout de fils de petit diamètre qui iront naturellement se mettre en position. Si la lampe grille, on tire les fils en retour, on change la lampe et on réinsère les fils avec une nouvelle lampe au bout. Les lampes sont de petites ampoules (plus grande que les grains de riz). Elles ne fonctionnent pas en 12 volts mais l´alimentation “Ptitrain” à base de LM317 s´accommode très bien de cela.


Brønsted
août
2004.
 
 
Ptitrain, l´e-magazine du train éclectique — Directeur de la publication : Christophe Franchini.
Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet. — Rév. DreamMX 18-09-2004 19:25