|
Arrivons-en au B.M.C. ! |
UN PEU D´HISTOIRE.
— Pourquoi est-il intéressant (dans tous les sens de ce terme) de se préoccuper de l´histoire
de son réseau ? Tout d´abord, pour passer le temps ! La passion modéliste ferroviaire
ne doit pas s´assouvir uniquement avec, à la main, un marteau, un pinceau, un fer... Le vrai passionné
ne s´ennuie jamais aux feux rouges, ou dans la cohue du métro, ou pendant l´interminable pub télévisée :
il a toujours à imaginer une mécanique géniale pour mieux motoriser ses aiguilles à FÀM,
ou une combine inédite pour assurer une suspension trois points à son vieux fourgon M Jouef, ou —
venons-en aux faits ! — à tenter de trouver une justification à un gril d´entrée
en gare un peu biscornu, dû à l´utilisation d´aiguillages trouvés pour pas cher dans
une bourse, mais qui sont hélas toutes des embranchements à gauche...
|
 |
 |
L´autre raison, encore plus
noble, c´est d´offrir à son réseau un écrin historique crédible
— pas forcément pour flatter l´oeil du visiteur, mais aussi pour le plaisir intime du modéliste...
Car qui verra que le charbon de ma 141-TC-19 est réellement du charbon de 141-TC-19, taxé, à
Carhaix, dans la soute de la machine grandeur réelle ? Moi seul peux jouir en secret de cette folie du
détail ! Pareil pour imaginer de cloner sur mon réseau l´usine
où travailla mon arrière-grand-père : l´India Rubber Gutta-Percha and Telegraph (I.R.G.P.T.)
(1).
(1) Non, ce sigle à la prononciation
rigolote n´est pas inventé ! |
 |
|
Une autre idée me trottait même
dans la tête, jusqu´au jour (trop tard !) où je la vis paraître dans Loco-Revue :
créer un village si vrai qu´il aurait sa page dans le Guide bleu ! Le modéliste qui
matérialisa ce projet le fit à la perfection (2), jusqu´à composer la page du guide avec
l´orthographe et la typographie réelles ! Prodige de l´esprit miniaturiste, mais aussi matérialisation
de notre psychologie, que Clive Lamming a dévoilée (“Psychanalyse
des tendances ferroviaires”) dans son livre sur la ferrovipathie,
Le Chemin de fer passion : nous voulons être Dieu ! Et c´est pourquoi nous soulevons
des montagnes, de carton, et coulons des fleuves, de résine...
Aux faits, donc : il me fallait expliquer par l´histoire
la présence de tours moyenâgeuses, une folie qui m´avait pris quand j´avais découvert
la gravabilité du carton-plume ; la taille un peu somptuaire du pont tournant de mon petit dépôt ;
le fait qu´il y ait deux “voies uniques” en gare ; que des trains Est voisinent avec des Nord ;
et j´en passe...
(2) Si un lecteur peut nous communiquer
le numéro de L.-R. où parut ce pastiche
du Guide bleu, merci à lui : nous en ferons profiter tous les autres ! |
 |
|
|
|
 |
 |


ÉPOQUE I. — Nous sommes
en 1850. Toutes les communes de France réclament à cor et à cri l´arrivée du chemin
de fer sur leur territoire. Au Mesnil-en-France (nord de Paris) comme partout ailleurs :
on se doit de réunir la commune avec le gros bourg voisin, Bernières, afin d´attirer ses habitants
sur nos marchés et nos foires. Et il faut relier la ville du Mesnil avec son lointain faubourg où la
plus grande chocolaterie du pays attire des matières premières puis expédie des marchandises
fragiles qui ne supportent plus la lenteur des chalands ou des charrois (c´est d´ailleurs pourquoi un écartement
autre que normal pour la voie de chemin de fer est exclu : éviter les transbordements nuisibles à
la marchandise). Le va-et-vient des travailleurs saisonniers de la chocolaterie (Pâques, Noël) profitera
également au chemin de fer...

Ancienne place-forte régionale, Le Mesnil s´est vu priver
de ses fortifications sous Richelieu ; seule a survécu une tour basse avec une poterne.
Le reste des murailles a laissé place pendant des siècles à un glacis en pente douce abandonné
à la pâture et au maraîchage... C´est à cet emplacement que la gare sera aménagée
, juste en dehors de la ville proprement dite, donc.

 Le rail arrive de
Bernières, se dédouble en gare , puis repart vers
la halte du “Mesnil-Usine” par un viaduc en voie unique. Un petit dépôt-relais est embranché,
avec une prise d´eau, un tas de combustible, une plaque tournante en bois... Juste avant la Grande Guerre, une
petite usine locale de matériel télégraphique sera aussi embranchée, pour une desserte d´un
ou deux couverts par semaine. |
 |
|
 |