par Bernard Demont
Note de la rédaction. — Pas moins de quatorze pages ont déjà été consacrées par Ptitrain à cette institution qu´est le musée de Rambouillet, que nous avons la chance de voir exposer quelques pièces choisies de son réseau dans beaucoup de manifestations de train miniature. Mais il n´est pas question de s´arrêter en si bon chemin ! Un intime du musée, notre ami Bernard Demont, nous a concocté une visite personnalisée qui fera date...
HISTORIQUE DU MUSÉE
Dans les années quatre-vingt, un homme, M. Jacques VISBECQ, qui a rassemblé durant sa vie une collection d´environ quatre mille pièces, train jouet et maquette, rencontre un deuxième personnage, M. Alain BALDIT, surdoué de la maquette ferroviaire et doté d´un irrésistible esprit d´entreprise. L´association des deux hommes va conduire à la naissance d´un musée du train miniature aujourd´hui appelé “LE RAMBOLITRAIN”. Cette appellation doit son origine aux habitants de Rambouillet, les Rambolitains. M. VISBECQ décide donc de donner cette formidable collection, avec la maison qui abrite cette dernière, à la ville de Rambouillet. M. BALDIT en deviendra le directeur conservateur. Aujourd´hui, cette collection a été complétée par de nombreux modèles acquis çà et là dans différentes foires aux enchères, notamment celles de Chartres.

Photo 1 x 580
Photo 2 x 287 Ouvert au public depuis 1984, le bâtiment de trois niveaux situé 4, place Jeanne-d´Arc près de l´église, offre au public une visite sur l´histoire du train jouet du milieu du XIXe siècle aux années cinquante.

VISITE GUIDÉE
* Un astérisque renvoie le lecteur à l´historique des grandes marques, qui paraîtra ultérieurement.
Le rez-de-chaussée est réservé à l´accueil.
Le premier étage comporte plusieurs salles avec vitrines numérotées en suite logique.
Le deuxième étage lui, est entièrement consacré à un immense réseau échelle “O” qui est actuellement en reconstruction suite à l´incendie du 6 décembre 2002. L´étage a été remanié, et est devenu plus fonctionnel pour l´installation du réseau.
Le premier étage. — Arrivé au premier étage, le visiteur doit commencer la visite sur sa droite. Dans la vitrine n° 1

Photo 3 x 580
... où il découvrira une reproduction de la célèbre locomotive STEPHENSON (1825, première ligne de chemin de fer anglaise, qui a relié Stockton à Darlington) entièrement conçue avec les pièces MECCANO. À noter que la première ligne française, longue d´environ 20 km, date de 1827. Elle servait à transporter du charbon entre Saint-Étienne (qui était un bassin houiller important) et Andrézieux-Bouthéon. Au-dessus, on peut voir les premières voitures inspirées des diligences, avec le cocher assis sur la voiture de tête. L´écartement des voies fut inspiré par la largeur des ornières creusées par ces mêmes diligences, 1,435 mètre (1). Ce sont aussi les Anglais qui décidèrent de la conduite à gauche, simplement parce que l´on monte à cheval à gauche...
Passons à la vitrine n° 2. Là, nous trouvons les précurseurs du train jouet. Des firmes fondées avant 1900, en général des ateliers familiaux et artisanaux qui ont ouvert la voie aux jouets que nous connaissons de nos jours (F.V.* par exemple).
Ensuite, le visiteur se trouve face à une immense vitrine occupant toute la largeur du bâtiment, la vitrine n° 3

Photo 4 x 580
Elle regroupe des modèles MÄRKLIN* de 1900 à 1940. C´est la marque la plus prestigieuse de toute l´histoire du train jouet. Jusqu´à 1914, les jouets étaient peints à la main et représentés naïvement sans idée de reproduction à l´échelle exacte, mus par un moteur mécanique, à friction ou à ressort ; nous sommes dans le jouet basique mais déjà de bonne qualité.
Les bâtiments et lampadaires sont éclairés par de petites bougies ou de minuscules lampes à huile (la sécurité reste à désirer, car à cette époque, on joue à même le plancher). Par la suite, de grandes firmes font leur apparition, les artisans (souvent des ferblantiers) se transforment en inventeurs. Les grandes firmes apparaissent et commencent à évoquer les détails : buffet de gare, petits chariots avec oreillers et couvertures, distributeur de billets, halle à marchandises avec son quai de chargement et manipulation des objets tels que caisses, tonneaux, sacs, etc.

Photo 5 x 580
... Ce qui permet de voir naître une nouvelle génération de jouets (plus modernes) dès les années 1925 avec proposition sur catalogues. On peut voir également le début des jouets fonctionnels : parc à charbon et grue à eau (avec une petite pompe à main), signaux et sémaphores animés par air (2), le tout formé et découpé dans de la tôle de fer blanc peinte ensuite à la main. Les bâtiments se font aussi plus précis, vieilles gares enluminées avec quais couverts et marquises. Les locomotives à vapeur fonctionnelles (eau et alcool), contrastent avec les locomotives électriques à l'architecture carrée. C´est l´expression visuelle du changement de siècle et surtout l´avènement du train électrique avec la sortie du système 20 volts, bien moins dangereux que son prédécesseur directement branché sur le réseau secteur de l´époque (3), 110 volts abaissé à la tension du moteur par une simple ampoule en série et un rhéostat sommaire, le tout dans un boîtier métallique pour parfaire l´insécurité !
1936 voit l´apogée de l´écartement “O”, là, le marché est en plein développement ; le train électrique devient “le” cadeau de Noël. Les fabricants de l´époque s´efforcent de coller au plus près de la réalité en reproduisant des modèles de plus en plus fidèles, tant sur le matériel roulant que sur la signalisation et les appareils de voie qui sont actionnés électriquement. La gare de Stuttgart évoquant le style “Bauhaus”

Photo 6 x 580
Photo 7 x 580 ... est un des modèles MÄRKLIN le plus prisé des années trente. Les modèles ne sont plus peints à la main ou au pistolet, mais décorés par impression lithographique beaucoup plus précise.
La vitrine n° 4 regroupe quelque modèles HO des années 1950 à 1970 réalisés de façon artisanale par PMP-POCHER.
Ensuite nous arrivons dans un couloir nommé “Allée Jean-Edmond FOURNEREAU” (tiens, ce nom nous interpelle quelque part…) fondateur en 1937 de la première revue de modèles réduits ferroviaires, Loco-Revue.





(1) Quoique sur le mode humoristique, Ptitrain vous donne une explication raisonnable de cette largeur entre rails.
(2) On voit un schéma d´unvéritable signal pneumatique dans un billet de Jidé.
(3) Un enfant branché sur le 110 volts sert de bandeau à notre série "Apprenez le train à nos enfants".
 
Page précédentePage suivante
Janvier 2005
(Photos © Bernard Demont pour Ptitrain.)

Ptitrain Reportages Visite guidée au musée Rambolitrain (1)
Ptitrain, l´e-magazine du train éclectique ! — Directeur de la publication : Christophe Franchini.
Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet. — Rév. du 02/16/2005 15:10