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T E S T     M A T É R I E L
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Le kit 030 Model-Loco
réf. 161 « le Coucou » (H0)

Lors de ma visite de juin 1999 au 5e Génie à Versailles, j´ai été amené à revoir, offerts en vente d´occasion, quelques vieux kits de « métal blanc », de ceux qui furent la honte des années 80... Par curiosité, j´ai exhumé ma 141-TC Keyser, que Jouef écoulait à l´époque, et qui dort toujours dans sa boîte, restée en pièces détachées depuis... vingt ans ! Ce fut ma seule expérience dans cette technique — et deux autres kits en laiton qui m´avaient aussi un peu... désorienté (l´un d´eux, une 130-B Est, vit la faillite de son constructeur après la parution de deux des six « sets » prévus). Mon expérience de modéliste se résumait au charcutage et au superdétaillage de locos Jouef bon marché (heureux temps : j´ai eu jusqu´à une demi-douzaine de 140-C Ouest en différentes versions !), à la « francisation » de teutonnes, et à une superstructure en laiton « photogravé à la main » (je vous reparlerai de cette technique) pour une évocation de 141-TC Ouest... J´avais donc une revanche à prendre avec le métal blanc. Comme d´autre part Model-Loco propose une large gamme de locomotives Nord et Ceintures qui « colle » formidablement avec mon réseau actuel, il fallait que je m´y essaie.
Partout « le Coucou » est décrit comme un « kit spécial débutants »... Qu´en est-il ? Après l´avoir testé, je dirais bien, comme Zazie : « Débutants mon cul », mais Ptitrain ne permet pas à ses rédacteurs (même chef) un langage aussi cru... En réalité, c´est à un véritable travail d´horloger bénédictin que Model-Loco nous convie. Et pourtant, je m´en suis sorti et je n´ai qu´une envie : en fabriquer d´autres !

   

Simplement, il faut que je décrive ce kit, non pas comme un moyen d´avoir vite sur mon réseau un modèle typique que je ne peux espérer un jour chez Roco ou Jouef, mais comme un divertissement, difficile, mais dont la difficulté fait tout le sel ; en un mot, ce modèle est comme un problème de mots croisés : qu´on est fier quand c´est fini ! Que ce serait stupide d´acheter une grille déjà toute remplie ! Et est-ce qu´on compte son temps quand on a le crayon et la gomme à la main ? Est-ce qu´on se dit : « Il faut absolument que j´aie fini ce problème avant vendredi midi » ?
Ouvrons la boîte : l´auteur d´un mot croisé fait tout pour nous nuire, et pourtant a tout fait pour que réussissions : Model-Loco, c´est pareil. Les pièces du kit sont merveilleusement présentées en pochettes plastique avec des cases individuelles. On les ouvre au fur et à mesure qu´on en a besoin, on les ébarbe, on les présente à leur place grâce aux schémas, et on les placera en attente dans des petites boîtes. Les grosses pièces en métal blanc sont très bien moulées, fines et détaillées -- après peinture, cette qualité ressort encore mieux. L´ébarbage de ce matériau est très agréable, même comparé à du plastique ou de la résine : on passe la lime fine et le papier de verre (lime à ongles en carton) et quand la pièce brille comme un miroir... c´est fini  !
Le châssis : les roues sont très belles, fines, isolées d´un côté à la jante de façon invisible. Leurs essieux sont carrés du bout, ce qui permet un montage sans hésitation sur le calage exact ou le parallélisme. Les boîtes d´essieux sont usinées au quart de poil. Les bielles sont tirées d´une planche photogravée de 0,5 mm en laiton, dont on les séparera à l´aide d´un disque tronçonneur. Le châssis est une plaque de laiton livrée pliée, percée, taraudée, plus des extrémités en métal blanc. J´avoue que j´ai commencé le montage par le train de roulement car je voulais avant tout savoir si la machine serait un beau mais triste modèle de vitrine ou une vraie dévoreuse de kilomètres. Au premier essai, ça coince à basse vitesse, mais après un huilage sérieux et un rodage de deux-trois heures on peut baisser le voltage et obtenir de bons ralentis. Soit dit en passant, je sais bien à quoi sert un rodage en vraie grandeur mais je m´étonnerai toujours que ces principes physiques d´usure des métaux soient valables aussi pour des ensembles si petits !
 Les coulisses sont un miracle de pliage, mais je m´en sors quand même, à mon grand étonnement. Mais j´ai dû aller m´acheter un tournevis cruciforme : aucun de mes outils n´était assez petit.
Les superstructures : mêmes remarques générales : il ne manque pas un bouton de guêtre ! Après ébarbage, tout s´emboîte à merveille. Là on commence en revanche à trouver que la documentation écrite est... légère ! Heureusement que les schémas sont très précis et fouillés, car celui qui écrit chez Model-Loco est un feignant par rapport à celui qui dessine ! Même la photo du modèle fini n´est pas fournie, je suis allé la découper dans leur catalogue ! Il faut donc décrypter au mieux, essayer, présenter, peindre si nécessaire, et ranger soigneusement dans l´ordre où l´on devra coller.
Je m´étais offert un fer à souder basse tension spécial métal blanc, mais après quelques heures j´ai dû m´avouer vaincu : la soudure fondait bien sur la panne, mais impossible de la voir « filer » dans les interstices du montage. Je me suis rabattu sur la cyano (j´utilise avec grand succès cette cyano de marque Celofix en gros flacons, vendue pas cher au Salon de la maquette). Pour les grosses pièces je confirme avec un filet d´Araldite lente. Pas de trous ou de fentes à boucher au mastic.

Puisqu´on en est aux outils, il est convenu de dire dans les magazines qu´il faut avoir « l´outillage habituel du modéliste... » Je confirme, mais j´ajoute que j´ai été bien content de disposer de petits mandrins à main (on trouve cela chez cet Anglais casseur de prix qu´on rencontre porte de Versailles et à Expométrique ; mais aussi pour 50 francs chez Décotrain, 50, rue de Douai à Paris, une boutique nouvelle, bien équipée et à l´accueil sympathique, qu´il faut avoir visitée -- je vous en reparlerai !) ; ayez aussi un jeu d´équarissoirs (qui permettent d´agrandir facilement les avant-trous, ou de les aléser à des valeurs pour lesquelles on ne dispose pas de forets ; on les achètera à l´Octant par exemple) ; des limes très petites et de toutes formes ; des pinces plates à bec pointu (mettez-y le prix, les becs doivent fermer parfaitement et fermement : dans ce domaine, la merde coûte très cher ; pareil pour les pinces coupantes) ; de brucelles que j´appelle « corses », celles qui sont fermées au repos, etc. Le palmer, non indispensable, me sert surtout à ranger mes forets de 0,4 ou 0,5 à la bonne place après utilisation ! Le « marbre » est une chute de ces profilés d´alu costauds qui servent de règles aux maçons (Castorama). La prochaine fois, j´essaierai ce stylo gomme à fibre de verre dont j´entends souvent parler.

Mise en route : la seule chose pour laquelle je n´ai pas suivi la notice, c´est que j´ai préféré une prise de courant plus musclée : un bout de circuit imprimé et deux grosses vis. Je suis un peu... parano dans ce domaine et cette machine sera en plus équipée d´un attelage NEM électrifié (Fleischmann 6953) qui permettra au premier wagon du train de participer à l´alimentation. Le châssis est dégraissé au Monsieur Propre, peint au pinceau avec de l´apprêt phosphatant (il sera beaucoup manipulé et la peinture doit bien accrocher), puis recouvert de peinture « Oily Black » de Polly Scale-Floquil, un noir sale et huileux, disponible maintenant en version acrylique à l´eau : l´essayer, c´est l´adopter, car il est difficile, à la main, de mélanger quelques molécules de peinture argent dans du noir sale ; Polly Scale est en vente rue de Douai aussi).
Graissage soigné (huile Roco ou Märklin au bout d´un pic à cocktails), rodage... Ça marche ! Model-Loco m´en a fait baver... À un moment, quand il m´a fallu installer la chapelle d´alimentation en eau (un robinet en bronze de 2 mm de haut, 1 mm de large), je me suis dit : « Ils n´arriveront pas à me faire faire ça ! » Mais si... « ils » ont pu !
Et que la loco est belle ! La peinture finale l´a encore transfigurée ! Je vous parlerai de la mise en peinture lors de l´article qui paraîtra (un jour, quand je dominerai la question :¬) sur... l´aérographe Aztek !
 
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JiDé
Juillet
1999
À propos de Ptitrain. — Directeur de la publication Christophe Franchini.
Rédacteur en chef Jean-Denis Rondinet. — Rédacteur Éric le Suisse. — Rév. 18.03.2001 19:04