Alimentation : transfos, diodes, condensateur...
c) Redressement. Les diodes.
Résumé des pages précédentes : Les transfos fournissent du courant “alternatif”, de forme sinusoïdale, comme celle du secteur. Ce courant peut être consommé par des ampoules, des moteurs d´aiguilles, des dételeurs, certains moteurs d´accessoires...
En revanche, nos moteurs de locomotives ni notre électronique ne supportent un tel courant, qui change de sens 50 fois par seconde. Ils exigent du courant continu, qui lui ne circule que dans un sens, sans jamais changer de valeur (comme à la sortie d´une pile ou d´une batterie de voiture).
Pour changer le courant alternatif, nous allons le redresser, c´est-à-dire ne laisser circuler que la partie positive de l´onde sinusoïdale. En A vous voyez en hachuré la partie (négative) que nous allons bloquer, et en bleu ciel la partie (positive) que nous allons laisser passer :

Le composant qui est utilisé pour ce redressement, c´est la diode. Sur les schémas normalisés ( fig. B, en haut), on signale le sens (unique) dans lequel le courant a “le droit de circuler” par une flèche. On appelle cette partie de la diode son anode. À l´autre extrémité figure une barre, c´est la cathode. Le courant circule toujours du plus vers la masse, donc de l´anode vers la cathode.

Sur le composant réel ( B, en dessous ou ici ), il y a juste une bande colorée, matérialisant la cathode.
Sur la photo ci-dessus à droite on voit des diodes de différentes catégories ; on choisit les diodes selon l´intensité maximale du courant qu´elles voient circuler quand il se présente “dans le bon sens” et sur la tension maximale qu´elles peuvent supporter “dans le mauvais sens”. Par exemple, on dit “la diode 1N4007 est une 1A/1000V”...
Par construction, l´électricité qui traverse une diode “dans le bon sens” perd un peu de sa tension, au moins 0,7 volt, plus encore pour de forts courants... C´est cette caractéristique qui a été mise en avant dans le Meccano électronique et son “frein à diodes”... Deux diodes en série comme dans les “ponts” du bas de la page, ce sera 1,4 à 2,5 volts perdus... Non négligeable...
Les diodes puissantes ont des gros fils épais qui servent à évacuer la chaleur naturelle du fonctionnement ; pour cela, on ne les raccourcira pas trop ! Ci-contre des diodes soudées sur un circuit imprimé avec des fils laissés très longs...
Voilà le résultat du redressement : un transfo, une diode, une ampoule (à droite ).
Le courant “redressé”
(ça n´est pas du courant continu) ne circule plus que dans un sens, mais il change encore de valeur (plus vers zéro, puis rien, puis zéro vers plus, etc.). La tension de crête est comme sur la sinusoïde (cf. pages précédentes, fig. A) d´environ 23 volts. La tension “efficace” (celle qu´on obtiendrait en rasant les montagnes comme sur la figure B des pages précédentes) est évidemment plus faible, puisque le courant “se repose” la moitié du temps !


Quelle perte pendant la partie supprimée (parce que négative) de la sinusoïde ! Ah, si on pouvait reprendre le bas pour le remettre en haut 

Eh bien, oui, l´électricité “perdue” pendant la partie négative de l´onde alternative (hachures) peut être redressée elle aussi par une diode montée dans l´autre sens ! C´est alors un redressement double alternance, qui donne un rendement beaucoup plus grand 

Pour arriver à ce résultat, on va monter quatre diodes selon un arrangement portant le nom de pont de Graetz : ci-dessous, deux schémas identiques, à droite (H ) celui préféré des professionnels, à gauche (G ) celui, plus rare, qui me sert à moi pour visualiser plus facilement le fonctionnement du pont :

Que se passe-t-il dans le pont pendant une alternance positive (figure i ) ? Le courant (les flèches bleues), qui va toujours du plus vers le zéro, peut traverser les diodes D1 et D2 qui se présentent à lui “dans le bon sens”... Mais le courant se heurte aux deux autres diodes qui lui présentent leur cathode et l´empêchent de passer.
Que se passe-t-il dans le pont pendant une alternance négative (figure J ) ? Le courant (les flèches bleues), qui va toujours du plus vers le zéro, peut traverser les diodes D3 et D4 qui se présentent à lui “dans le bon sens”... Mais le courant se heurte aux deux autres diodes qui lui présentent leur cathode et l´empêchent de passer.
Résultat : le courant traverse la charge (ici une ampoule) toujours dans le même sens !
En pratique, un “pont de diodes” peut être un montage de quatre diodes indépendantes — voilà ci-dessous le principe et une réalisation d´essai sur des dominos


... mais il existe aussi des “ponts moulés” tout faits, boîtiers contenant les quatre diodes avec quatre sorties répérées par un signe plus, un signe moins, et deux signes “alternatif” (un S couché ou les lettres “AC”). Ces ponts moulés sont également vendus selon leur courant maximal et la tension inverse maxi, tout comme les diodes. Ça ne coûte pas cher : un pont 4A/50V revient à 1,50 euro...

Un petit retour dans la préhistoire ? C´est ce courant simplement redressé (et non continu) que fournissaient nos transfos de train dans les tout débuts. Voici le célèbre transfo Jouef Disjoncta 1500, avec son transformateur (on voit bien les deux enroulements, fil fin à droite pour le 220 volts, gros fil à gauche pour la basse tension), en bas un pont de diodes au sélénium (le matériau des premiers redresseurs, abandonné aujourd'hui au profit du silicium), en haut un disjoncteur thermique (sensible à l'excès de chaleur). La vitesse de la loco était réglée par un doigt métallique qui frottait directement sur l´enroulement secondaire !

Ce courant redressé a quand même des qualités : pour des locos à la mécanique pourrie (mauvais démarrages, ralentis cahoteux), chaque pic de tension peut être considéré comme un “coup de pied au derrière” qui la poussera à avancer, alors que du courant continu la laisserait insensible ! C´est pourquoi, dans des transfos même modernes, Fleischmann par exemple fournit du courant redressé aux locos pour les vitesses faibles (où les machines risquent de caler), puis du continu aux grandes vitesses (quand ce problème mécanique ne se pose plus grâce à l'inertie)...
C´est aussi grosso modo le principe de laM.L.I., modulation par largeur d´impulsions que nous étudierons un jour (un petit coup d´oeil peut être donné en attendant au montage M.L.I. ast555a du Meccano électronique)... Mais ces courants non continus sont réputés abîmer à la longue les moteurs à rotor sans fer (R.S.F.) qui équipent certaines locos de haut de gamme...
À suivre... Jidé
21/6/03 15:47

Un grand merci à Alain Mionnet, Emmanuel Lazard, Etienne Josse, JacquesJ, Pierre Léonard, etc., tous abonnés actifs de la liste Ptitrainmatique, d'avoir attentivement relu cette page et d'y avoir décelé, avant parution, quelques bourdes et imprécisions..
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