Découverte lors de nos nombreuses allées et venues au Mondial 2005, la passion pour la fabrication des traverses est aisément compréhensible. Comment ces millions de poutres arrivent sous les milliers de kilomètres de rails, c´est un élément important de notre culture, à nous les cheminots amateurs. Ensuite, cela fournit des éléments de décor insolites, ainsi que nous le prouvent ces vues du réseau des Amis du rail du Parisis Laisons-nous guider lors d´une visite... (Texte et photos Alain Gallas.)



photo01 La fabrication des traverses
Visite de l´établissement
industriel de l´équipement
de Bretenoux-Biars
(Lot)

L´affiche des portes ouvertes de mai 2004.
L’E.I.V. de Bretenoux-Biars est le seul établissement spécialisé dans l’usinage et le traitement des “bois sous rails”, en particulier les traverses en bois. Seul à la S.N.C.F., l’avant-dernier site, à Surdon, en Normandie, ayant brûlé. L´E.I.V. est rattaché à la direction S.N.C.F. de Limoges (Sud-Ouest) et situé sur la ligne Brive-Aurillac, desservi par la gare de Bretenoux-Biars, sur une superficie de 25 hectares au pied du massif Central, entre les rivières Dordogne et Cère, au nord du département du Lot. Le site est divisé en quatre parties :
Le chantier haut qui comporte toutes les installations nécessaires à l’usinage et au traitement des bois, la chaufferie, l’atelier d’entretien, le magasin d’outillage et d’entretien, les réservoirs de stockage de créosote et les bureaux administratifs.
Le chantier bas situé 3 mètres en contrebas du précédent, il contient exclusivement des traverses de chêne. C’est ici qu’est réalisée la réception des traverses brutes avec une machine automatique de triage et de conditionnement pour mise en “camarteaux” [N.D.L.R. : “camarteau : empilement de bûches, de plantes, que l´on croise à 90° de façon à laisser circuler l´air”].
Bois en attente de tri. Trieuse de traverses brutes
avec mise en camarteaux.
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Le chantier des bois d’appareils, séparé des deux autres par la ligne Brive-Aurillac ; sa capacité de stockage est de 150 000 pièces. En outre, les ateliers de frettage des bois d’appareils, de fabrication des platelages de passages à niveau et débits divers sont implantés dans ce secteur.
Le chantier neuf, attenant au chantier des bois d’appareils mais en contrebas, ce chantier peut stocker 275 000 traverses.
Les fonctions de l’établissement
Assurer dans les meilleures conditions la dessiccation (séchage) des bois équarris, en chêne, hêtre, okan ou azobé ;
Confectionner des traverses et des bois d’appareils de voie (T.B. et B.A.) ;
Fabriquer des chevilles ;
Différentes sortes de bois exotiques. Des chevilles de toutes les formes imaginables !
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Traiter les différentes fabrications par une imprégnation en autoclave ;
Expédier à la demande, dans toutes les régions de France, ces produits : quais provisoires, blochets de tablier auxiliaire, planchers pour passage de chariots (P.P.C.), bois de châssis pour boîte de manoeuvre (B.C.B.M.).
[N.D.L.R. : la S.N.C.F. a fait parler d´elle, en mal, en janvier 2005, lors de questions orales au Sénat, quand on y a dénoncé l´abandon par la société nationale du transport des traverses par wagons, au bénéfice... de la route !]
photo06 Des blochets.
Pour effectuer les manutentions, l’établissement dispose du matériel suivant : une grue hydraulique sur pneus, un portique roulant, un convoyeur à palan, une potence double portée, trois chariots élévateurs de 2 à 4 tonnes, sept chariots élévateurs de 8 à 14 tonnes, une plate-forme élévatrice, un locotracteur Y-7000, deux tracteurs agricoles, un mini-chargeur et une trieuse de traverses.
Wagon pourrécupération de sciure. Camarteau sur wagonnet spécial.
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L’établissement emploie 106 agents et un effectif variable d’employés d’une entreprise privée pour la manutention, le nettoyage et le gardiennage.
Tout sur les bois
Les bois proviennent de différents lieux : chêne des forêts du massif Central, des Pyrénées et des Vosges ; bois exotiques, principalement du Gabon et de la Côte d’Ivoire.
On choisit une traverse en bois ou une traverse en béton en fonction de l’utilisation de la ligne. Sur les ouvrages d’art et dans les tunnels, on utilise toujours des traverses en bois.
photo09 Traverses en cours de séchage.
L’une des activités principales de l’établissement se trouve être le stockage. Après déchargement, les traverses et bois d’appareils sont contrôlés et triés par essence et groupés sur les aires de stockage pour être soumis à dessiccation (séchage). Celle-ci varie, en fonction de l‘arrivée saisonnière des bois, le minimum étant de 4 mois.
La finition des traverses comprend plusieurs activités :
Le tri après reprise du stock ; avant frettage, les traverses sont examinées. Les bois ayant subi des altérations pendant le séchage sont éliminés ;
Le frettage : il est réalisé au moyen d’un fil rond de 7 mm et a pour but de renforcer les extrémités des traverses et d’éviter le fendage en voie ;
Chariot avant frettage. Machine à fretter.
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Entailleuse automatique en action. Marquage de traverses année 2004.
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La réalisation des dispositifs complets de passage à niveau (P.N.) en chêne ou azobé ;
La production des pièces spéciales de longueurs, sections et formes diverses (ouvrages d’art, pièces spéciales, planches de fond de wagon) ;
L’entaillage et le perçage des traverses, grâce à deux entailleuses semi-automatiques ;L’imprégnation avec de la créosote (huile de goudron de houille), produit fongicide (anti-champignons), antiseptique et insecticide qui protège le bois des agents biologiques et lignivores (mangeurs de bois).


Atelier d´imprégnation.

Chariot pour l´imprégnation.

Détail de numérotation du chariot.

Chariot chargé, avant l´imprégnation.

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Tunnel d´imprégnation, encore fumant... Vue des deux tunnels d´imprégnation.
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La chaufferie utilise la vapeur fournie par deux chaudières fonctionnant cycliquement et alimentées par les déchets de bois et par une troisième fonctionnant au fioul. Cette chaudière à bois provient d´une locomotive à vapeur 141-R !
Défense contre l’incendie : en raison de l’importance des installations à protéger (bois, créosote) l’E.I.V. est doté de moyens de lutte contre l’incendie adaptés à sa situation : 2 équipes d’intervention d’incendie, 2 motopompes, un réseau de 30 poteaux d’incendie dont 18 armés (4 bars), une centrale de production de mousse pour hydrocarbures, 2 cuves enterrées de 55 m3 chacune et des extincteurs.
photo187 Poste d´incendie, avec du matériel de collection.
Quelques chiffres pour conclure
Le poids moyen d’une traverse en chêne est de 75 kg, celui d’une traverse en azobé de 115 kg. La production en 2003 :
450 000 traverses 186 P.N. 210 quais provisoires 82 000 bois d’appareil 1 700 000 chevilles 669 mètres cubes de longrines...
La suite les clous de traverses...
Alain
Gallas,
mai 2005
(Toutes ces informations proviennent du livret remis lors de la visite des installations le 11 mai 2004, au cours des journées “J’aime le train”. Texte et potographies © Alain Gallas.)


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