On dirait le Sud...

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Pour moi, descendre dans le Sud a souvent pour conséquence une montée du moral... Le voyage commence gare de Lyon, avec déjà une promesse de soleil, d´huile d´olive et de jolies filles. Cette gare est moche de l´interieur, comme elle peut être belle de l´extérieur. Pris d´un soudain désir d´anticiper mon arrivée dans le Sud, je m´approche de la cabine du T.G.V., et reste quelques minutes près de la mini-fenêtre à travers de laquelle je peux voir la silhouette du conducteur s´agiter, occupée à quelque mystérieuse tâche...
Apres de longues secondes, la fenêtre s´ouvre et le conducteur, sentant que je souhaitais lui adresser la parole, m´interroge brutalement, un sourcil méfiant relevé. A l´issue d´un échange simple et direct, je suis autorisé à grimper dans le cockpit. L´accent prononcé de mon hôte me fait sentir par avance le vent de la Méditerrannée, ses idées pleines de bon sens, fortement affirmées, sont déjà un voyage à elles seules. Il sera d´une compagnie très agréable et ce que nous nous sommes dit relève du secret professionnel...

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Un grand malheur frappera notre voyage : un oiseau, qui ne demandait rien à personne, frappera (en plus du voyage) la vitre devant laquelle je m´extasiais sur le paysage. Mon sursaut fut brutal et navré. Je passais ensuite de longues minutes à essayer de retirer sang et plumes de la vitre. Je ne pus la nettoyer tout à fait, les traces du crime me poursuivront jusqu´à Marseille...
Passé Avignon, et sa gare retournée et bizarre, le paysage change. Le sol devient plus blanc, le ciel plus bleu et l´air plus chargé en particules de toutes provenances (du pollen en l´occurrence, qui me fera éternuer plus que de raison). Le tunnel qui sépare Aix de Marseille est comme une dernière transition qui separe deux mondes : celui du Nord, tourné vers la terre, et celui du Sud, tourne vers l´élément liquide. Le premier est stable, fertile et labourable, l´autre est fluide, changeant et malléable... Ma réinsertion dans ce monde si particulier ne prendra que le temps d´un clin d´oeil, le temps de me dévêtir de mes habitudes de mec du Nord, le temps de ralentir mes gestes et ma pensée... Voir la vidéo du voyage en petit et moyen débit...

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Le séjour dans le cité phocéenne fut agréable et reposant. Mes amis, abandonnés pour la capitale, sont heureux de vivre dans ce décor blanc et lumineux. Quelquefois insupportable, la plupart du temps adorable, Marseille est une ville attachante...
Mon voyage va ensuite se poursuivre plus à l´est, vers un coin que le monde entier nous envie : la Côte d´Azur, paradis des retraités et des agents immobiliers. En effet, cet endroit est unique. Composé d´une alternance immuable d´arbres et de maisons, plus un caillou n´y est disponible pour y construire son nid, plus une route n´échappe à des embouteillages sans fin; aucun lieu ne suinte autant le fric, dans sa version la plus vulgaire...
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La nouvelle gare souterraine de Monaco Monte-Carlo est prise d´assaut. A cela deux raisons concommitantes : le grand prix de Monaco de F1 et une grève surprise du personnel S.N.C.F. sur les T.E.R. Cette grève m´empêchera de visiter la ligne Nice-Breil et va m´obliger à passer par Vintimille pour me rendre à Breil (consultez une carte !)... Mais d´un malheur ressort un bonheur, car celà fait bien quinze ans que je n´ai pas remis les pieds dans la botte ! Quand on connaît mon patronyme...
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La montée vers Breil-sur-Roya, au départ de Vintimille, ne prend qu´une demi-heure. C´est sans doute pour cette raison qu´à mi-chemin, le train s´arrête dans une demi-gare, avec la moitié de la rame en tunnel, et l´autre moitié qui dessert un demi-quai... Les demi-voyageurs descendent en nombre pour rejoindre le demi-village perché sur le demi-rocher tout proche... Puis c´est Breil sur Roya...

 

A suivre : Là haut dans la montagne...

21-27 février 2002
Ptitrain, l´e-magazine du train éclectique. — Directeur de la publication : Christophe Franchini.
Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet.