Rodage, lubrification, maintenance (1)
Je pense que la question a déjà été traitée mais peut-on me dire quel est le meilleur rodage pour un moteur neuf ? Pratiquement, vous recommandez bien de roder de la même manière dans les deux sens de fonctionnement ? Pendant combien de temps ?
On ne répétera jamais assez de roder les machines (dans les deux sens et en leur faisant prendre des courbes droites et gauches) (...) Comme tous les petits moteurs modernes, il est bon de les avoir fait tourner un peu au début sinon les paliers gonflent (c´est prévu pour compenser l´usure) et, à terme, ils peuvent bloquer l´axe. — Sébastien Richet
Chaque jour (si possible), je fais rouler la machine assez longuement dans les deux sens, à diverses vitesses. La configuration de ma voie étroite (à l´anglaise) lui permet de virer à gauche et à droite. — Stéphane
Faire rouler dans chaque sens (en retournant la loco). D´abord à faible vitesse puis par paliers jusqu´à pleine vitesse. Prendre son temps et vérifier le graissage par le constructeur. — Sébastien Richet
Faire ensuite la même manip en charge. Pour ma part je laisse tourner environ 3 heures dans chaque sens en augmentant la vitesse de 30 % (1re heure) à 80 % par paliers de 30 minutes. — Jean-Marie Quidet
Je voudrais relancer le sujet sur le temps de rodage. Plusieurs d´entre vous ont parlé de quelques minutes à un quart d´heure. Roco, lui, conseille 5 heures pour la rame RGP verte ! Où se trouve le juste milieu ? — Alain Jeanne
L´avis général est qu´il faut roder une locomotive : environ une demi-heure dans chaque sens, à différentes allures (ne pas dépasser 80 % de la vitesse maximum), sans wagons, sur un réseau relativement plat. A vrai dire, je ne fais pas assez rouler mon matériel pour vérifier le bien-fondé de l´intérêt d´un rodage d´une heure ! Par contre, il est bon de faire rouler 5 minutes une machine seule avant de la faire tourner plus longtemps avec des wagons. J´ai observé que cela améliorait la “douceur” du roulement et facilitait le passage de certains aiguillages un peu “limites” (pour du N). — Jean-Michel Menet
Certaines mécaniques sont des cauchemars (en particulier cette #&(!?@ de RGP Roco), ou du moins sont compliquées, et il faut un temps plus long avant que la mécanique ne se mette en place... Et de toute façon, mieux vaut trop que pas assez ! Si on a le moyen de laisser tourner la bête quelques heures sans surveillance, c´est parfait (petit circuit d´essai par exemple). On revient une fois, de temps en temps, humer l´atmosphère (des fois que ça sente “le chaud”), vérifier la lubrification, le bruit, la souplesse... et changer de sens ! C´est là qu´on voit les défauts éventuels. Et quand on dispose d´un banc d´essai, y a plus de problème. — Xavier Thiriet
J´ajouterai que le circuit d´essai sera de préférence exempt de rampe et en forme de “8” de façon à faire virer la machine dans les deux directions. — Thierry Piffaretti
Le rodage a plus d´importance qu´on le pense. Le rodage permet la “mise en place” de tous les composants de la transmission, et dépend des conditions dans lesquelles il se déroule. Si vous attelez de suite une bécane à une (lourde) rame sur un réseau à fortes rampes et courbes, l´usure de la transmission va se faire de façon extrême et décalée (on risque de forcer la mécanique, ce qui n´est jamais bon quand elle est neuve...). Un rodage permet effectivement de déceler une anomalie avant qu´elle soit destructive (un pignon mal placé qui va entraîner une usure anormale ; par exemple j´ai déjà vu une 230-G Roco dont tous les pignons sont devenus lisses à cause d´un mauvais montage). Ça ne prend pas longtemps, et c´est loin d´être inutile. Même si, de plus en plus souvent, les mécaniques sont testées sérieusement en usine. — Xavier Thiriet
Le fait d´installer un moteur au moyen de RTV (= mastic silicone pour salles de bains) diminue, non seulement la propagation du bruit dans la structure de la machine, mais aussi le bruit intrinsèque du moteur. En plus c´est facile à faire, solide... et réversible avec un cutter. — Philippe Moniotte
Question subsidiaire : quand on fait rouler pour la première fois une bécane, doit-on procéder à des graissages préalables (huile, graisse ou les deux) ? — Jean-Guy Michard
Un bon entretien est bien plus important qu´un bon rodage. Je fais toujours tourner mes machines neuves environ 5-10 minutes à mi-vitesse dans chaque sens, en me disant que les ultimes ajustements mécaniques pourront se faire et que, s´il y a un problème mécanique ou électrique, il doit apparaître dans les premières minutes d´utilisation. J´utilise très peu souvent de l´huile (jamais de graisse), toujours en très petites quantités (pointe d´aiguille). En fait, je fais circuler chaque machine à différentes allures, et c´est mon oreille qui me dit si tout semble bien aller, ou si un tout petit peu d´huile serait utile (bruit un peu plus aigu, roulement moins régulier, ralenti moins satisfaisant et plus bruyant...). Attention : trop d´huile “attire” les poussières, et donc les ennuis. — Jean-Michel Menet
Certaines locomotives sont déjà graissées. Fais tourner la bécane à 50 % une à deux minutes et “sniffe” (pas la moquette!). Si ça sent l´huile, c´est qu´elle a déjà été huilée. Sinon il serait bon de le faire. Quelques remarques :

1° Si elle a déjà été huilée, tu peux en ajouter car les constructeurs sont payés pour faire du bénéfice et une économie d´une goutte d´huile par machine est toujours une économie !
Ne jamais mettre trop d´huile car tu risques la pollution des zones de contact. L´huile ne nuit généralement pas directement au contact mais favorise l´agrégation-concrétion des saletés et poussières.
3° Si elle n´a jamais été huilée, huile-la en plusieurs fois par ajouts progressifs. L´huile (idem pour la graisse) se répartira et le dosage sera plus juste.
4° S´il s´agit de moteurs de l´Est asiatique, ils peuvent être équipés de paliers autolubrifiants ou pire (!) anti-usure. Dans ce dernier cas, le palier gonfle légèrement dans le temps, pour compenser l´usure. Si tu n´utilises pas le moteur de temps en temps, celui-ci finit par se bloquer définitivement ou presque. (Ça peut se rattraper avec un tour ou une perceuse en bloquant le moteur et en faisant tourner l´axe mais cela n´est jamais bon car on force sur toutes les pièces.) Bref, les locos neuves, c´est fait pour rouler !
5° La construction en série dit que des gammes de tolérances sont appliquées (les fameux modèles du lundi et du vendredi pour les voitures). On est ou non chanceux ! Un petit calage sera parfois nécessaire surtout après quelques années : un petit démontage, un recalage léger (amortissement des vibrations), une fixation tout aussi légère (maintien en position) et un peu de graisse : c´est reparti pour 20 ans ! — Sébastien Richet

    J´apporterai une correction. En fait, il y a deux types de lubrifiants utilisés sur nos bécanes : de la graisse (lub consistant), utile sur les engrenages (vis sans fin et pignons), et de l´huile (paliers d´essieux, d´engrenages, de moteur, têtes de cardan). En général (dans 9 bécanes sur 10), le constructeur se contente de déposer une noisette de graisse dans les carters d´engrenage, et après, au petit bonheur la chance. Donc, faire tourner la bécane 2 minutes, et lui ouvrir les tripes pour voir ce qu´il en est. En général, il n´y a pas besoin d´en rajouter, mais plutôt de répartir ce qu´il y a déjà ! Par contre, il est souhaitable d´ajouter quelques MICRO-gouttes d´huile aux endroits suivants : paliers de vis sans fin (pas la vis elle-même), têtes de cardan, paliers du moteur, paliers d´essieu. J´INSISTE SUR LE FAIT QUE CELA DOIT ETRE FAIT PARCIMONIEUSEMENT ! Qu´on ne m´accuse pas d´avoir fait griller un moteur ! Une épingle est tout indiquée, ou un bout de fil métallique. Point trop n´en faut. L´huile se répand par capillarité. On peut donc même essuyer l´excédent (papier absorbant). Faire tourner la machine à poste fixe permet de s´assurer de la répartition harmonieuse du gras. Et évitez d´en balancer sur les roues ! J´utilise personnellement de l´huile de vaseline et de la graisse silicone. Les produits de marque sont bien sûr plus recommandés (la “graisse Roco”, sorte d´huile molybdène, m´a l´air pas mal du tout). — Xavier Thiriet
J´ai passé le week-end à faire tourner sur un rond des trains d´essais, faute de réseau sur place, et histoire quand même de roder mes locos et de faire tourner le matériel. Après quelques heures de fonctionnement, les voitures type Roco, LS-Model ou Mougel émettaient de curieux “couic couic” en roulant ! Une vraie basse-cour... Les Mougel sont équipées d´essieux à pointe roulant dans des paliers en laiton. Toutes les autres sont équipées d´essieux à pointe roulant des bogies en plastique (qui s´étaient remplis d´une fine poussière de plastique limé). Comment remédiez-vous à cela ? Pour ma part, j´ai mis une goutte d´huile sur chaque pointe, genre huile fine et très liquide que l´on met dans nos moteurs de locos. Plus de bruits. Mais au demeurant, faut-il quelque chose de plus épais (genre silicone ou suif) ? L´une de ces graisses peut-elle à terme altérer le plastique des bogies ou pour le moins la peinture ?... — Christophe Mathieu
Un vieux truc, c´est de la vaseline en tube. Tailler une allumette en pointe ou un cure-dents et en mettre un peu sur chaque palier. Résultat garanti. Idem pour les engrenages ou les pignons. L´avantage de cette graisse, c´est qu´on la trouve partout, en supermarché comme en pharmacie. Alors que celle pour nos chers petits engins, il faut se la procurer à prix d´or chez des revendeurs et encore... quand ils ne sont pas en rupture de stock. — Henri Mirra
J´ai mis une goutte d´huile fine sur chaque pointe d´essieu, genre huile et très liquide que l´on met dans nos moteurs de locos. Plus de bruits. — Crimat Trains
Pourquoi pas mettre un peu de graphite en poudre très fin ? Ou simplement passer une mine de graphite dans le logement de l´essieu ? C´est parfois suffisant. — Christophe Beuret
Emplâtre sur une jambe de bois! Pour les Mougel, métal sur métal, ça se rodera tout seul, avec une micro-goutte d´huile (le truc de l´allumette est impeccable, on ne fait que lubrifier en surface). Pour les pointes métalliques tournant dans des paliers-fusées en plastique, s´il y a de la “limaille” de plastique, c´est que l´axe est mal usiné. A terme, les pointes vont bouffer le plastique ... Résultat : sur un Eurostar Jouef de mon club (qui tournait beaucoup, 7 jours sur 7), les remorques ne roulaient plus, elles “surfaient” sur la surface des rails ; il y avait même 2 gorges qui s´étaient creusées dans les bas de caisse. Cause : les 2 essieux du bogie médian étaient remontés de 2 bons millimètres... Donc, problème d´usinage, de finition. L´idéal serait de reprendre le polissage des pointes des axes. Abrasif à l´eau au grain très fin (1000 et plus), pâte à polir et enfin une très légère lubrification (le graphite marche pas mal, en diminuant les frottements ; l´huile permet de limiter l´usure). — Xavier Thiriet
Pour l´huile, pas la peine de prendre celle chez votre marchand préféré à prix d´or. De l´huile de machine à coudre convient très bien. — Jacques
Au service après-vente (SAV) de Märklin chez qui j´ai suivi une formation, l´huile de machine à coudre est totalement bannie car elle est beaucoup trop fluide : elle rentre partout, s´infiltre jusqu´aux balais et génère des problèmes électriques. Ils préconisent plutôt une bonne huile machine 20SAE. — Pierre Hautefin
Remarque intéressante sur les graissages mais qui demande une précision : huile machine ? huile moteur de voiture ? — Michel Canton
Merci à tous pour vos réponses. Je vais sans doute tester différents produits car mon “petit rond” de rodage m´en apprend beaucoup. En réalité, voilà bien longtemps que je n´ai plus de réseau où les trains “tournaient” longuement, ce qui masquait sans doute un certain nombre de problèmes de roulement et d´usure. Mon truc de l´huile fine (qui doit effectivement s´apparenter à l´huile fine que l´on trouve pour les machines à coudre) a fait long feu... Ça “couine” de nouveau...
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Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet. — Rév. 10-01-2004 18:31