Une “machine infernale”
pour ballaster

Cette semaine, Doc Toofoo laisse la parole
à son amie Jeanine Teller, de Liège (Belgique),
membre de l´Association liégeoise des amateurs de chemins de fer (A.L.A.F.)

1. Présentation

Cette « magique machine infernale » ou plutôt cet appareil à ballaster n´a d´infernal que le bruit de l´aspirateur sur lequel on le branche. Et le bruit que fera le ballast précipité dans son bocal en plastique. Cet appareil n´a de magique que la rapidité et le résultat impeccable de l´étalement du ballast. Ce ballast sera encollé ensuite selon les règles usuelles. Attention aux aiguillages : si on les ballaste et si on les encolle sans les plus grandes précautions, on tombe dans un véritable piège à erreurs fatales. N´utilisez pas l´appareil à ballaster dans les aiguillages.
Cet appareil est en fait une adaptation d´un projet présenté dans un ancien numéro de la revue américaine Model Railroader par un ancien membre de l´A.L.A.F., André Saenen. La description de cet appareil a paru dans le numéro de janvier 1981 de Correspondance, revue associative de l´A.L.A.F. Sa première démonstration en public remonte à déjà vingt ans. Mais l´appareil a quitté l´A.L.A.F. avec son propriétaire.
J´ai exhumé cet article en multipliant par deux les explications et les illustrations grâce à mon ordinateur et au scanner. Bien des nouveautés sont apparues depuis 1981 mais, à mon avis, cet appareil à ballaster reste irremplaçable et mérite d´être à nouveau décrit.
Un autre membre de l´A.L.A.F. l´a reconstitué devant moi un soir de décembre 2000. Bien entendu j´ai aussitôt ballasté plusieurs mètres de voie à titre d´essai. Ça a marché. En une soirée, j´ai ballasté autant de longueurs de voies qu´en quatre. Plus tard, il ne faudra évidemment pas bouleverser l´ordonnance du ballast (grains de ballast sur les traverses, etc.) en pulvérisant trop violemment le mélange d´eau et d´agent mouillant (produit à vaisselle). Ceci avant de répandre à l´aide d´un flacon muni d´un bec verseur le classique mélange d´eau, de colle blanche et d´agent mouillant.
Le ballast H0 utilisé avec cet appareil est ici celui du type Woodlands Scenics. La description que je vais en faire est pour du H0. Cela doit pouvoir convenir aussi pour d´autres échelles en adaptant les dimentions que nécessitent d´autres écartements et du ballast plus fin ou plus gros.
Faut-il vraiment passer par le cuivre et les soudures ? Je pense que oui. D´abord parce que ce n´est pas si difficile que ça puisque je suis parvenue à mon tour, quelques jours plus tard, à bricoler ma propre « machine infernale ». Et puis parce que je n´ai encore rien vu d´équivalent avec du « tout plastique » et de la colle. Quelqu´un parmi vous explorera-t-il cette voie ?
Aux ingénieurs, très nombreux à pratiquer le modélisme ferroviaire, je demanderai toute leur indulgence : je n´ai aucune formation technique et informatique.

2. Principe

Fig. 1. Appareil à ballaster.

L´appareil à ballaster (fig. 1) est composé d´un aspirateur, de son tuyau flexible et d´un tube, d´un bocal où l´on récoltera l´excédent de ballast qui pourra être réutilisé, et d´un gabarit que l´on passe avec un certain tour de main sur les rails pour aspirer le ballast (fig. 1 et 2). C´est la variante de l´aspiration banale de la poussière, mais quelle variante !

Fig. 2. Gabarit posé sur la voie avant l´aspiration du ballast.

Savoir-faire prérequis : la pose et l´isolation sonore de la semelle de voie sont supposées connues. Ainsi que la soudure préalable des rails et l´encollage ultérieur du ballast. La soudure à l´étain des pièces en cuivre, au gaz ou non, ne requiert qu´un minimum de savoir-faire. Pour en savoir plus, on relira avec profit Loco-Revue n° 644, page 25, et le site de « M´sieur Gégé » (alias Gérard Huet).

3. Outillage, fournitures

a) Outillage
— Un aspirateur, son tuyau flexible et son tube (détournement ménager classique).
— Une mini-perceuse (tout ferrovipathe en possède une), deux disques à tronçonner et des lunettes de sécurité.
— Une lime aiguille plate et une ronde.
— Cutter, règle, pince universelle, petit étau, marqueur ou pointe sèche.
— Un chalumeau (par exemple le Soudogaz X2000 de Campingaz), de la soudure à l´étain et un flux approprié.
— Une scie à chantourner et/ou des cisailles à levier coupant à gauche (si vous êtes gaucher) ou à droite (si...).

Fig. 3. Le T (té) en cuivre.

b) Fournitures en magasins de bricolage
— 1 T (té) de 10 en cuivre (voir fig. 3).
— 30 cm de tuyau rigide de 10 en cuivre (vendu parfois au mètre).
— 6 mètres de tuyau 8 x 12 en plastique cristal.
— Toile isolante d´électricien.
— Colle Araldite (sous réserve : lire plus loin l´ « Aménagement du couvercle du bocal »).
c ) Fournitures « débrouille »
— 1 petit déchet de cuivre plat d´environ 2 cm sur 5 cm, de 0,5 mm d´épaisseur ou un peu plus. Prévoir aussi un déchet de cuivre d´environ 20 cm sur 20 cm pour l´aménagement du couvercle du bocal (voir plus loin). Ces déchets sont vendus au poids chez les marchands de métaux de récupération (voir les « Pages jaunes »). À poids égal, une plaque neuve est vendue cinq fois plus cher dans un magasin de bricolage.
— 1 bocal de préférence en plastique (un premier bocal, en verre, a été rapidement brisé à cause d´une chute) d´au moins une quinzaine de centimètres de haut et fermé par un couvercle vissable en métal (c´est important) d´au moins 3 cm de rayon. Ce couvercle métallique peut provenir d´un autre récipient si son diamètre et son pas de vis s´adaptent à ceux du bocal.

4. Élaboration du gabarit

Observons le té de 10 en cuivre (fig. 4) : j´appellerai A la branche qui se termine par les deux ouvertures a et b en vis-à-vis. J´appellerai B l´autre branche, perpendiculaire, avec une seule ouverture baptisée c.

Fig. 4. Le T (té) en cuivre.

Les « pastilles » (fig. 4.1 et 4.2). À l´aide de la scie à chantourner et/ou des cisailles à levier, découper deux plaques carrées de 13 à 14 mm de côté dans le déchet de cuivre de 2 x 5 cm. Les arrondir grossièrement au moyen du disque à tronçonner (attention : porter les lunettes de protection) par approches successives (pince universelle ou étau). Souder ces plaques, encore grossièrement polygonales, pour boucher les ouvertures a et b (utilité d´une " troisième main ").
Finition : après soudure, ajuster l´arrondi de ces « pastilles » à l´aide de la lime (fig. 4.2). Bien s´assurer de l´étanchéité de ces fermetures en soufflant dans l´ouverture c.

Bouchage des deux ouvertures a et b.
Figure 4.1 (à gauche) : découper deux plaques carrées de 14 mm de côté et leur donner d´abord une forme polygonale grossière, proche du cercle.
Figure 4.2 (à droite) : souder ces pastilles encore mal dégrossies (de forme polygonale) pour boucher les ouvertures a et b, et puis leur donner un arrondi convenable à l´aide d´une lime.

Allonger la branche B. Pour cela, couper 30 mm de tube en cuivre de 10, et souder cette pièce dans l´ouverture c restée libre :

Fig. 5.
À l´opposé exact du centre de l´ouverture c, on crée une fente rectiligne d´un millimètre de large qui va de l´ouverture a à l´autre ouverture b, toutes deux à présent bouchées par les pastilles (fig. 6, ci-contre).
Pour cela, utiliser le disque à tronçonner et les lunettes de protection. Finir à la lime aiguille plate. L´excédent de ballast sera aspiré par cette fente. Au besoin, après de prudents essais, cette ouverture pourra être un peu élargie à la lime aiguille plate (voir plus loin « Réglage fin »).
Présenter la fente rectiligne qui va de a à b sur les rails H0 (16,5 cm).
Fig. 6.
 

Pour cela, utiliser le disque à tronçonner et les lunettes de protection. Finir à la lime aiguille plate. L´excédent de ballast sera aspiré par cette fente. Au besoin, après de prudents essais, cette ouverture pourra être un peu élargie à la lime aiguille plate (voir plus loin « Réglage fin »).
Présenter la fente rectiligne qui va de a à b sur les rails H0 (16,5 cm). Centrer le gabarit sur les rails. Tracer l´emplacement des deux rails au marqueur ou à la pointe sèche sur le gabarit :

Fig. 7.

À la lime aiguille ronde, esquisser deux encoches à l´écartement de la voie. Ayez la main légère pour le moment. Ces encoches prendront appui sur les rails et permettront de faire glisser le gabarit. Agrandir un peu ces encoches à la lime et en présentant fréquemment la pièce sur les rails, de telle sorte que les rails guident facilement le gabarit. La profondeur des encoches dépendra aussi de la puissance de l´aspirateur :


Fig. 8-1, 8-2, 8-3.

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