Le carton peut
faire un carton ... |
|
Pourquoi cet article,
d´abord ? |
Parce
que Jidé me l´a demandé gentiment, et d´un ;
Parce
que, dans notre monde de microsidérodictyophiles, les
techniques, concepts et tours de main et surtout ceux
qui sont un peu originaux doivent se faire connaître
et circuler, et de deux ;
Parce
que et de trois je me crois capable d´être
(Jidé me l´a en tout cas confirmé... avant
d´avoir lu ce texte) assez instructif, raisonnablement
lisible, répétitif juste ce qu´il faut (voir
mes gloses sur La Liste), possiblement incitatif et... pas trop
long. Ceci, fort de mon expérience de réalisateur
d´un réseau à voie étroite au 1/87e,
la ReFeRe (adresse en bas du texte) à base de carton (et
de papier).
|
Dans
ce coin de la ReFeRe, cherchons ce qui
n´est pas en carton : les bonshommes et les
bidons, les rails et les traverses... et un ou deux tuyaux
doivent être en bois (brochettes). |
|
|
|
Pourquoi le carton,
vous impatientez-vous déjà ? |
Par
excentricité, car il est de bon ton majoritaire de modéliser
en plastique (en feuilles, en profilés ou moulé)
et/ou en métal (de même), voire en bois, en plâtre ?
Plutôt par goût de l´originalité et
de l´expérience, de l´invention et de la création.
Par refus des matériaux précieux (chers et, surtout,
intimidants), par économie (je n´y suis pas strictement
obligé), par inclination pour le travail de chic comme
on dit chez les peintres (de chevalet) qui se piquent de ne faire
ni ébauche, ni croquis, ni étude préalable car
cela m´ennuie de suivre un plan (même le mien), de
recopier un modèle ou de monter un kit.
Et
puis... ça va tellement bien avec ce que j´ai choisi
de représenter au 1/87e, le monde (petit mais besogneux
et, somme toute, assez malicieux) des Réseaux Ferrés
Réunis, où tout ce qui peut l´être
est en concrete.
Voici,
puisée (copiée-collée, en français
moderne) dans l´excellent glossaire fourni par le site
internautique ReFeRe, la définition de ce
mot de ce concept, de ce paradigme...
CONCRETE. D´un
mot anglais qui signifie béton. L´omniprésence
de ce matériau spécial est ce qui frappe l´Occidental
qui débarque. C´est un matériau composite à hautes
performances et usages multiples, constitué de fibres
enrobées dans un liant, très voisin du fibrociment,
où l´on n´a pas omis d´incorporer
de l´amiante mais où l´ajout en proportions
secrètes d´ adjuvants indicibles
garantit au concrete des qualités inouïes. La ReFeRe
utilise le concrete pour le soubassement des voies,
les structures et les parois du matériel roulant comme
des bâtiments, les huisseries, les clôtures,
les murs de soutènement, les entrées et les voûtes
de tunnel, etc. Sa production, son façonnage et
son assemblage sont du ressort de la concreturgie qui
s´apprend à l´ ASAF [Les mots en italique
renvoient à des termes expliqués d´une
façon ou d´une autre dans cet ouvrage incontournable.]
|
Comment le carton
? On y vient |
Comme
il est écrit dans le même article de la bible-glossaire
susdite, Au 1/87e, le concrete est représenté par
du carton (contre-collé, bois, gris...) ou du papier (à aquarelle, à dessin,
bristol...), selon l´épaisseur, dont le travail
ressortit à la karthèsurgie.
Concrete > Carton
ou l´inverse ? Peut-être bien que les trains
de la ReFeRe circulent dans un univers de concrete, sont eux-mêmes
largement en concrete...
|
Dans
ce train, les bases sont des plats à bogies
(non moteurs, ils font seulement semblant sous ces contrefaçons
de faux autorails) ou une 020 à vapeur (échelle
N) sous la loco” ;; les caisses sont
en papier à dessin (échelle H0). Quant au
petit lorry ( ?) à gauche... |
|
|
L´évolution,
de gauche à droite, d´une feuille de papier
découpée en un curieux wagon trémie à cabine,
bien sale. On finira par apprendre, sur le site de la ReFeRe, à quoi
ils peuvent bien servir. |
|
|
|
...
et transportent essentiellement du concrete parce que son directeur
général avait choisi le carton pour en représenter
l´infrastructure et les superstructures, les choses fixes
comme les roulantes (comme les tournantes), à l´échelle
H0... Qui est modèle, qui est inspiré (à part
moi), où est l´image, où est l´imaginaire,
comment reconnaître concrètement le concrete ?
En
tout cas, dans notre monde 1:1, il y a carton et carte, papier
et papelard... L´épaisseur de ce que j´utilise
le plus couramment, m´indique mon pied à coulisse,
va de 0,25 mm (papier à aquarelle 300 g grain
satiné, assez coûteux mais excellent pour les parois
des wagons, les huisseries, etc.) à 3 mm pour
du carton-bois voué à figurer des murs. Entre,
je mentionnerai le Vinci 400 g épais
d´un demi-mm et bien sympathique, la cartonnette peu rigide,
le contre-collé muséal (de 1 à 2 mm,
environ, lisse, vergé ou grenu) fier et solide, le carton
gris (2 , 2,5 ou 3 mm) voué au labeur fixe
(soubassements, soutènements...).
Ces
différentes qualités papetières se trouvent
chez les fournisseurs pour artistes, en divers formats
(jusqu´à 41 x 56, 50 x 65, 60 x 80 et
même 80 x 110 cm). Je ne dédaigne pas
pour autant le carton de 0,6 mm qui accompagne certaine
plaque de chocolat noir, utilise à l´occasion des
papiers à dessin lisses minces (150 à 250 g),
conserve les tickets de métro (d´une matière
excellente pour les plus fines découpes), me méfie
de cartons éco qui s´épluchent
et de bristols glacés mollassons, conserve dans mes çapeutservir
du carton finement ondulé, du peau d´éléphant ou
du peau d´autruche et même.. des briques
estampées, marque Faller, époque années
1950. Et, dans la famille cellulose en film mince, je citerai,
car ils me sont indispensables dans des rôles particuliers,
le transparent (fenêtres), l´essuie-tout et le papier à photocopie
(montagnes), le papier de verre (toitures et terrasses).
|
|
Les
matériaux de base, plus ou moins épais, rigides,
claquants, lisses, lustrés, grenus... Ce
n´est de la récup qu´exceptionnellement,
après essais. Le carton gris est gris et le carton
bois est crème.
Au
bout d´un nombre incalculé d´heures,
il reste ceci .
|
|
Et
pour le travailler et à l´assembler, ce carton-papier ?
La panoplie de base du karthèsurgiste est vite inventoriée :
un crayon fin, un cutter (moyen, à lame sécable
et souvent raccourcie), une grande (1 m) règle graduée
lourde (et chère), une réglette métallique
(30 cm), une plaque de coupe autocicatrisante, des équerres
(type de menuisier), une cale à poncer, un bidon de colle
vinylique à bois à prise rapide, un canon à particules,
du papier de verre, une paire de pinces à dissection Dumont
n° 5 (un vrai luxe), des micro-serre-joints. Et des
peintures acryliques (en tube, en bidon...). En effet, nos papiers
et cartons n´acquièrent les excellentes propriétés
de rigidité, d´imperméabilité et d´immarcescibilité qui
en font le matériau épatant que je promeus... qu´une
fois peints (et/ou enduits de colle). Et pour peindre, on aura
sous la main quelques pinceaux et, surtout, des petits rouleaux
(rayon fournitures scolaires) en mousse et un pot de di-hydrure
d´oxygène pour diluer couleurs et colle.
Mais,
Monsieur le Professeur, Maître, votre boîte à outils
est plus fournie que ça ! Oui, je possède
une micro-perceuse (svelte et sans fil) avec forets et disque à tronçonner
(les rails), un poinçon, un emporte-pièces, diverses
pinces d´électronicien, une loupe-casquette que
je ne chausse pas (je devrais), des brucelles, un petit fer à souder,
un bidon de super-glu, un autre canon à particules, une
fausse-équerre, une lame de scie à métaux,
des limes, du rebouche-tout à 2 composants, une brochette,
du fil électrique, et tout un fourbi dont je vous épargne
l´inventaire. Je pratique un modélisme rapide, intuitif,
direct et je ne me plains nullement de n´avoir pas à mettre
en route le compresseur, l´aérographe, le logiciel
de CAO, la découpeuse laser et le tour-fraiseuse à commande
numérique... que je ne possède pas.
|
Des
ANC, armes non conventionnelles, de mon arsenal :
un U en alu pour déposer des grains (cailloux, déchets, ballast )
avec précision, deux brochettes pour déposer
la colle avec parcimonie et quatre exemplaires de canons à particules
pour souffler de la poudre (pierre broyée, brique
pilée, charbon écrasé...) contre une
paroi ou sur un sol qui prendront alors (après repeintures
et ponçages) l´air d´avoir été martyrisés
par les gens, les produits chimiques, les bactéries
concrétiphages et les éléments déchaînés. |
|
|
|
Je
fais un peu de poussière (parfois) mais pas de bruit :
la découpe, le ponçage, la décoration et
le patinage et y compris au canon à particules de
tous les éléments du réseau, de la plaque
de base aux plus hauts sommets en passant par les tunnels et
le wagon-bistrot se font dans le silence et la discrétion
propres à la paix des ménages et des communautés,
voire à l´écoute sereine de la radio.
|
Jusqu´où,
le carton ? |
Premièrement,
dans le temps. Matériau pas cher, facile, propre à toutes
les audaces architecturales, léger, solide, peignable
et imperméabilisable, coupable et découpable, perçable
et râpable, ponçable, sciable, gondolable, pliable, etc.,
le carton mis en forme, collé et enduit est capable d´être
très durable. Que peut-on craindre ? Rien de particulier,
l´incendie, l´inondation, une météorite
lourde... Pas la canicule, en tout cas, je l´ai éprouvé(e).
Mais méfiez-vous des insectes amateurs de cellulose et/ou
de colle. Je dis ça pour placer une pincée d´entomologie,
car des wagons et maisons en carton faits jadis ont passé plus
de quarante ans dans une grange : impecs (mes erreurs de
jeunesse n´ont pas pris une ride).
Deuxièmement
dans l´espace. L´espace du modélisme, s´entend.
La technique du papier-carton ne s´applique pas à tout
(se casser le cu... tter à faire des roues et des bielles
en carton ? Non). En tout cas, elle offre une alternative
au bois pour les infrastructures, les chemins de roulement, les
ponts, les couples des montagnes... Une alternative au contreplaqué,
au plastique ou au stuc pour les murs. Une alternative au grillage
et aux bandes plâtrées pour les reliefs. Une alternative
au plastique ou au laiton pour les caisses des matériels
roulants, les bennes, les grues et les poubelles... Les microdétails
hyperfidèles ne sont pas son fort et, comme à la
ReFeRe où vous irez puiser des exemples très
divers de mise en oeuvre , il faudra compter plutôt
sur l´allure de l´ensemble et rechercher une ambiance
(d´enfer) et pas le look d´une vitrine de supermaquettes.
De toute façon, vous ne vous en tirerez pas sans quelques
bouts de kits (on peut mêler kitbashing et cartoning),
bonshommes en plastique moulé (qu´un super karthèsurgiste,
que Jidé a classé affectueusement dans les fous,
fait en papier roulé et très beaux !),
rails en maillechort, bases de wagons et de locos ni autre matos électrique(tronique)
et objets de récup ou détournés, dans la
même veine du modélisme modeste (le
MoMo, pas trop misérabiliste, tout de même !).
|
À vous
de jouer ! |
Voilà,
avec des matériaux courants, très bon marché,
faciles à travailler et à assembler, on peut y
aller gaiement : se lancer dans le modélisme ferroviaire,
explorer de nouvelles voies, changer de décor... Créez
librement, essayez, risquez, jugez, décollez, recoupez,
refaites, en mieux et en plus beau. Le métier s´apprend
sur le réseau. Surtout, amusez-vous bien...
P.-S. :
Maintenant, vous pouvez cliquer sur http://perso.wanadoo.fr/a.f/tr.htm pour
(re)visiter la ReFeRe, lire les considérations sur
la fabrication des wagons et celles sur la peinture,
vérifier la citation du Glossaire, compulser
les Albums... |
|
Une
belle pièce de karthèsurgie : murs de
soutènement, colonnes, plates-formes suspendues...
...
qu´on voit ici mise
(collée) en place sur le réseau, à l´arrière,
dans un autre monde où le concrete devient franchement
oppressant : on en a sous les roues, plein les yeux
et par-dessus la tête. Et ce n´est qu´un
exemple de tout ce que vous pouvez voir dans le monde de
la ReFeRe.
|
|
|
|
|