La littérature
La littérature, non plus, n'a jamais été en reste
pour se tremper sans retenue dans les emprises ferroviaires. Outre de nombreuses oeuvres se
situant à une époque où le train représentait le seul moyen pratique
de locomotion sur terre et se devait donc d'entrer comme tel dans l'intrigue, plusieurs histoires
sont réellement articulées sur le thème même du chemin de fer.
En France, on pense immédiatement à Henri Vincenot avec « Les chevaliers
du chaudron » ou avec « Mémoires dun enfant du rail »
ou encore à Etienne Cattin avec « Les dévorants ».

Un classique dans la collection du Livre de poche
Mais avant eux, il y avait eu « La bête humaine »
dEmile Zola. Ce livre nest peut-être pas le meilleur de ce magistral auteur
du XIXe siècle, mais sa trame est construite tout entière sur
le thème du chemin de fer et il regorge de descriptions dépoque très
précises à ce sujet. Tout ferrovimane se doit de le lire. Le plus frappant est
de constater comment la locomotive à vapeur faisait alors figure de créature
de chair et de sang. Dans Zola, la Lison (c'est le nom de la machine) est décrite comme
un animal puissant, obéissant docilement aux gestes de son mécanicien.
Somme toute, Zola ne fait qu'imiter Victor Hugo qui écrivait dans « Voyage
en Belgique » : « Il faut beaucoup d'efforts
pour ne pas se figurer que le cheval de fer est une bête véritable. On l'entend
souffler au repos, se lamenter au départ, japper en route ; il sue, il tremble,
il siffle, il hennit, il se ralentit, il s'emporte ; il jette tout le long de sa route
une fiente de charbons ardents et une urine d'eau bouillante ; dénormes
raquettes d'étincelles jaillissent à tout moment de ses roues ou de ses pieds,
comme tu voudras, et son haleine sen va sur nos têtes en beaux nuages de fumée
blanche qui se déchirent aux arbres de la route. »
Il faut bien avouer qu'au temps où les locomotives grondaient en crachant leurs fumées,
il était facile de les considérer comme des créatures vivantes. Cest
là le summum du lyrisme dans la manière d'interpréter la réalité
ferroviaire. Mais d'autres auteurs ne considèrent les trains que pour ce qu'ils sont
et leur découvrent quand même de formidables ressources théâtrales.
Comment ne pas penser par exemple au « Crime de lOrient-Express »
dAgatha Christie, dont le suspense est directement conditionné par l'univers
clos du train lui-même ?
|