par Bernard Demont
NOTE DE LA RÉDACTION. — Les photos de cette page sont de simples illustrations glanées sur le web à l´intention de nos lecteurs ; elles ne font donc pas forcément partie des objets présentés au musée Rambolitrain. Un site remarquable à ce sujet, www.train-jouet.com, est à visiter !

HISTORIQUE DES MARQUES
Avant de passer du monde du jouet à la réalité d´aujourd´hui avec des reproductions de rêve, faisons un bref historique (dans l´ordre alphabétique) des principales marques ayant contribué à faire rêver nos parents et grands-parents...
Bing
Ignace et Adolphe Bing fondent la firme en 1863 sous la raison sociale Gebrüder Bing Nürnberg et les trois lettres G.B.N. faisaient rêver des milliers d ´enfants du monde entier durant des décennies. Vendant d´abord seulement des jouets, ils entreprennent la fabrication pour leur compte vers 1880, et l´entreprise Nürnberger Metall- und Lackiert Warenfabrik Gebrüder Bing, devient une des premières au monde au début de notre siècle. En 1919, Ignace Bing meurt et Stephan reprend la direction de la firme. C´est un homme énergique et entreprenant et la firme installe des succursales en Europe ; le nombre d´ouvriers atteint dix mille, mais la crise de 1929 est fatale. Stephan Bing doit céder la direction et la production de jouets cesse vers 1923. Karl Boub en reprend une partie. Les trains Bing sont appréciés les collectionneurs actuels pour leur beauté, leur finesse de décoration et leur élégance. Mais leur qualité de fabrication ne semble toutefois pas surpasser celles des grands concurrents allemands.

Elettren
Créé en 1945 à Milan par Armando Ravasini, ingénieur dans une célèbre firme italienne de pneumatiques, Elettren ne fait que du zéro et sous l´impulsion de son importateur Fulgurex.
Exley
La firme fondée en 1922 par Edward Exley fabriquait, à l´origine, des locomotives et des voitures voyageurs aux écartements “I” et “0” . Modèles à l´échelle, reproduits selon les cas en laiton ou en fer blanc. Après la Seconde Guerre mondiale, cette entreprise, sans abandonner ses productions antérieures, incorporait une gamme “H0” et une “TT” . Elle offrait en plus, pour les amateurs avertis, une série de composants en kits pour construire locomotives, wagons, signaux de voies, etc. C´est toute l´histoire des chemins de fer anglais qui est résumée dans les splendides exemplaires Exley de la collection Giansanti Coluzzi. Merveilleuses reproductions, très détaillées, dont les couleurs harmonieuses composent, dans les vitrines de bois d´acajou, un tableau très British, rappelant la rugueuse concurrence opposant les différentes compagnies.
Fleischmann 1887 - 1991
Firme ancienne, puisqu´elle fut fondée en 1887 par Jean Fleischmann à Nuremberg pour la fabrication de petits jouets en fer-blanc. L´achat de la firme Stauds, puis de Doll, augmente la gamme offerte par la firme. Elle produira essentiellement des trains en zéro durant les années 1930, avant de lancer après la guerre des trains en “H0” sur le système deux rails dont Fleischmann fut le champion. La fabrication existe toujours et poursuit une tradition de haute qualité.
F.V.
La marque de fabrique “F.V.” a été déposée en 1866 par E. Faivre pour commercialiser toutes sortes de jouets en fer-blanc, au 15, rue Aumaire à Paris. Son successeur Lefèvre représentait toujours, en 1880 sous la marque F.V., toutes sortes de jouets, entre autres, boîte de ménage en fer-blanc, fer battu, cuivre et faïence, chemins de fer ordinaires, voitures et chemins de fer marchandises, fourneaux en tôle, faïence et bois, cuisines, laiterie, toilettes, paniers garnis. Le siège social reste inchangé. Un peu plus tard Lefèvre s´allie à Dessein, un autre fabricant de trains-jouets bien connu, et la marque devient F.V.-D.S. En 1897 la raison sociale est “Roussel & Dufrein” après fusion des maisons Dessein, Faivre, G. Potier et Vialin. Le catalogue très important propose outre une grande quantité de soldats et d´animaux estampés, des boutiques, des bateaux et de nombreux jouets et jeux en fer, une très grande variété de trains, à traîner, circulaires avec ou sans pivot, sur ornière. Entre autres, le célèbre “Train catastrophe” qui figure encore au catalogue de 1906, trains sur rails et à voies transformables en 33, 47 et 55 mm.
La dernière création marquante de la marque semble avoir été le métropolitain mécanique sur rails en 1906, aiguilles, croisement, gare extérieure, gare intérieure, avec 2 quais, maison de contrôleur, bureau de billets, etc., qui figure au catalogue jusqu´en 1909. En 1900, nouvelle fusion avec Richard Frères qui fabriquent eux aussi des jouets de fer et bien sûr des trains. Mais la marque de fabrique reste F.V.-D.S. et le siège social est toujours 15, rue Gambrey, Paris-XIe. C´est en 1901 que plusieurs ferblantiers décident de s´unir pour former la Fabrication générale de jouets en métal. Naissance du “Jouet de Paris ”. En font partie les anciennes maisons Roussel & Dufrein, Douliot, Leconte & Cie, Bonnet, Duclot, Tantet & Manon. Le siège social reste rue Gambey mais la marque de fabrique devient “JP” dans une étoile à sept branches sur le soleil rayonnant. Le premier catalogue de la nouvelle association remplace celui de Roussel & Dufrein en 1902. Mais il faut attendre 1905 pour que les nouveaux modèles de trains de la marque “JP” apparaissent au catalogue conjointement à ceux de F.V. À noter toutefois que les gares, passerelles, signaux et autres accessoires F.V. ont continués d´être commercialisés jusque vers la fin des années 1920.
Herman 1961-1980
Fondée en 1961, la société Herman de Zurich est, elle aussi spécialisée dans la reproduction, au 1/43e de matériel ferroviaire suisse. Une petite gamme de haute qualité à laquelle l´acier des châssis et des carrosseries et l´aluminium étiré des toits donnent une grande robustesse. Solidité dissimulée par la finesse des détails et de la décoration. Le moteur électrique original, est un cinq pôles 18 volts qui assure aux engins de traction une marche souple et silencieuse. Herman complète son catalogue par quelques wagons marchandises.
Hornby


( Photo © www.train-jouet.com). La marque est née dans les usines “Meccano” de Liverpool en 1920 avec des trains mécaniques en zéro. En 1925 apparaissent les trains électriques (110 volts puis 6 volts avec batterie) ; vers les années 1930, la marque anglaise est à son apogée avec un fantastique catalogue comprenant des locomotives réalistes, des voitures “Pullman” une infinité de wagons à marchandises, des gares, etc. En 1938 le “00” apparaît sous la dénomination “Hornby Dublo ” . En France après l´installation d´un point de diffusion Meccano avant la Première Guerre mondiale, la firme s´installe en 1925 rue du Rébéval, dans le XIXe arrondissement de Paris.


( Photo © www.train-jouet.com). Le désir de créer des modèles purement français et fabriqués en France naît très rapidement et c´est dans la grande usine de Bobigny que ce désir se concrétise dès 1933.
JEP
En mai 1929, “Le Jouet de Paris” a toujours pour sigle J. de P., mais le E du de a considérablement grandi. Toutes les pages du prix courant portent encore dans les angles en alternance S.I.F. et J. de P. En janvier 1930, ce même catalogue s´intitule toujours “le Jouet de Paris ” , mais le sigle est devenu JEP et ses pages sont marquées JEP dans les quatre angles. Néanmoins il est toujours fait référence à la Société industrielle de ferblanterie dont le siège social, 39, boulevard Beaumarchais à Paris, est inchangé ainsi que l´implantation des différentes usines. Encore une fois, la modification du sigle marquera un profond renouvellement de tout matériel fabriqué. En 1931, si le matériel marchandises reste inchangé, tous les wagons de voyageurs deviennent du type Pullman bleu et crème et un nouvel attelage est créé. Ce qui ne sera pas une réussite puisqu´il ne durera que deux ans et sera remplacé en 1933 par le gros attelage dit “Croc” semi-automatique. Toute une nouvelle gamme de locomotives électriques est mise sur le marché. Mais la modification la plus importante reste pour la première fois en France l´utilisation du bas voltage (20 volts) pour les trains d´enfants fonctionnant auparavant sur le courant secteur. En 1932, toutes les locomotives électriques sont équipées d´un nouveau moteur dénommé S.S. 52 pour les tous courants fonctionnant sur un rhéostat classique, et S. 57 pour les “Bas Volts” utilisant les transformateurs.
Le train Flèche d´or numéro 1 de la marque est fourni en “Bas Volts” avec une véritable Pacific 231, bonne copie de la Super Pacific Nord tractant dans la réalité le train de luxe du même nom entre Paris et Calais. En 1932 également, une nouvelle voie “renforcée” avec nouveau système de verrouillage des rails entre eux apparaît au catalogue ainsi que tout un ensemble de gares, signaux, passage à niveau, etc. En 1933, abandon de l´écartement 33 mm et arrêt de la tentative de petit écartement 16 mm, poursuivie depuis 1925 avec les trains “Mignons ” , par manque de succès véritable. En 1938, tout le matériel roulant est mis au goût du jour et devient aérodynamique. À l´orée du deuxième conflit mondial, “le Jouet de Paris” s´est considérablement développé. L´usine de Montreuil- sous-Bois occupe une superficie de 10 000 m2 et emploie des centaines d´ouvriers. Elle utilise 10 tonnes de matières premières par jour sur plus de deux cents machines, dont des presses à découper qui vont jusqu´à 70 tonnes.
Pendant l´Occupation, il semble que l´usine ait continué à fabriquer des jouets, dont une certaine fabrication destinée à l´occupant. Témoin certains trains dont les couleurs et les inscriptions sont différentes. Sur la machine, "KF3" remplace JEP Unis-France. Le wagon est vert au lieu de rouge, et porte "PWG 12,6 T" au lieu de Postes et Télégraphes. À la fin de la guerre, la production redémarre lentement avec le matériel d´avant les hostilités, c´est-à-dire les trains aérodynamiques mais avec télé-inversion.
J.P.-S.I.F.
La Société industrielle de ferblanterie, dont le sigle est S.I.F., spécialisée dans la fabrication de “tous ustensiles de ménage et jouets en fer” a été fondée le 9 décembre 1899 par Jules Villers (décédé en 1907) par la réunion des anciens établissements Jules Villers, P. Juillet, Carrion, Petit, P. Bordes, Lefèvre et Parmentier. Le siège social était au 39, boulevard Beaumarchais à Paris, et les quatre usines à Sobre-le-Château (Nord), Chalon-sur-Saône (S.-&-L.), Beaune (Côte- d´Or) et Fresnes (Nord). À noter que la S.I.F. ne fabriquait pas de trains jouets.
En 1909, celle-ci rachète le Jouet de Paris dont le sigle était J.P. et l´usine située à Montreuil-sur-Seine. La marque devient alors, pour les jouets, “J.P.-S.I.F.”. Le siège social reste boulevard Beaumarchais à Paris. L´usine de Montreuil garde sa vocation de fabrication de trains et autres jouets puis conserve son nom, “le Jouet de Paris”. Le style de matériel et les méthodes de fabrication sont profondément revues, l´industrialisation est poussée :. au détriment de l´artisan. Tout d´abord, abandon des anciens modèles F.V.-D.S. soudés et peints à la main, conservés au catalogue jusque-là. Ensuite, introduction de la voie de 35 mm d´axe en axe, dite “O” pour les trains de haut de gamme, mais l´écartement de 33 mm est maintenu ainsi que celui de 47 mm ; il ne semble pas que le 55 mm subsiste. Par contre, la voie de 28 mm fait son apparition. Les locomotives, tenders et wagons sont d´une esthétique très différente et pourtant le sigle J.P.-S.I.F. est souvent séparé en J.P. d´une part et en S.I.F. de l´autre sur les différents composants d´un même train.
La fabrication restera homogène jusqu´au premier conflit mondial qui verra en France la disparition de la concurrence allemande et la nécessité pour l´acheteur d´être assuré que le produit est bien français. Il semble que cela soit la raison principale du nouveau marquage de tout matériel “JEP­France) qui durera jusqu´à la fin des hostilités. C´est aussi l´époque de la mise sur le marché de toute une série de pièces portant la devise de notre alliée l´Angleterre : “Honni soit qui mal y pense” et de différents sigles de compagnies de chemin de fer d´outre-Manche, peut-être destinées à l´exportation.
La reprise, au tout début des années 1920, de la concurrence allemande, obligera la marque à un nouvel effort de modernisation, d´où l´apparition des trains électriques et du matériel dit “Teck”. Le sigle sera encore modifié en “J.P. made in France” sans que la maison change fondamentalement. Le siège social, l´usine et le nom “le Jouet de Paris” restent inchangés ; les boîtes de trains, notices et catalogues sont toujours marqués “France” et cela jusqu´en 1929. En 1930, le sigle devient J.P. mais la marque restera toujours “Le Jouet de Paris” jusqu´à l´arrêt de fabrication des trains jouets, en 1964.
L.R.
“Le rapide L.R.” L.R. --- initiales de Louis Roussy, fils du célèbre Roussy des chocolateries suisses Nestlé, Peter, Cailler Kohler.
Märklin : 1859 - 1995
Théodore Märklin né en 1817 est chaudronnier quand il s´installe à Göppingen en 1840. En 1888, Eugène et son frère Karl créent Märklin Frères. Les firmes concurrentes sont absorbées et un “empire Märklin” commence à se constituer dès le début du siècle. La firme se fait connaître grâce à des grands prix témoignant de la qualité et de la beauté de ses jouets (comme le grand prix de l´exposition de Bruxelles en 1910).
La firme est à son âge d´or avec de merveilleux jouets de toutes sortes pour garçons et filles. Les catalogues donnent le vertige tellement les références sont nombreuses. En ce qui concerne les trains, la renommée de Märklin est immense dans le monde entier et Märklin dicte les normes, les écartements, les styles et les solutions techniques. De magnifiques trains en écartement “III” , “II” et surtout “I” font rêver les enfants du monde --- les longues “Pacific” à douze roues comme en réalité marchant à la vapeur vive, électriques, ou mécaniques à deux vitesses, en tête de longs trains composés de voitures-lits, voitures restaurants avec des chaises et des tables.
Voilà des trains de rois et de princes que seul Märklin sait fabriquer et qui valent des mois et des mois de salaire d´un ouvrier. Les gares monumentales et multicolores, les signaux immenses et lumineux, les postes d´aiguillages commandant la voie, font la splendeur des trains Märklin dont chaque détail est un chef-d´oeuvre de maîtrise technique.

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Juillet 2005

(Photos D.R. — Les photos de cette page sont de simples illustrations glanées sur le web à l´intention de nos lecteurs ; elles ne font donc pas forcément partie des objets présentés au musée Rambolitrain. Nos remerciements à train-jouet.com.)
Ptitrain Reportages Visite guidée au Musée Rambolitrain (7)
Ptitrain, l´e-magazine du train éclectique ! — Directeur de la publication : Christophe Franchini.
Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet. — Rév. 8x287 du 07/29/2005 15:02