Une péniche sur un réseau à l´échelle N, c´est possible — à condition de la fabriquer soi-même. Une péniche qui parcourt un canal, franchit une écluse et se positionne sous une grue pour recevoir un chargement, c´est possible aussi, mais un peu plus compliqué !
(Cliquez sur une photo pour la voir en grand.)
UN CANAL FONCTIONNEL AU 1/160
par Jacques Doidic
Péniche entrant dans le sas.
 
Descente dans le sas.
Lors d´un séjour le long du canal de Nantes à Brest, ma chère et tendre épouse me dit, alors que nous faisions une halte au bord du dit canal : “Tiens, tu n´as pas de bateau sur ton train ? Ce serait joli ! — Ben non, pas encore.” À notre retour, papier et crayon en main, je commençai à réfléchir au problème où plutôt aux problèmes...
Ouverture portes aval.
 
 Sortie du sas vers l’aval.
D´abord construire une embarcation assez réaliste (les catalogues Faller et autres étant muets à ce sujet), de taille modeste : carton, ciseaux, colles, peinture et le tour était joué, mais je voulais que “ça bouge”. Il faut dire que je suis instit' en retraite et que lorsque je sévissais avec mes élèves de primaire j´essayais de leur faire avaler le principe des vases communicants avec l´exemple de l´écluse ; j´avais même écrit un programme pour les ordinateurs de la classe (encore une autre passion) simulant de façon interactive l´enchaînement logique des étapes de franchissement de l´écluse. Bref j´avais la théorie en tête, manquait plus que la mise en pratique sur le réseau.
 Arrêt sous la grue.
 
 La charge est soulevée par l’électro-aimant.
Question préalable : un canal fictif, ou avec de l´eau ? La deuxième hypothèse était vite écartée car trop risquée (on a tous connu les suintements malicieux et les fuites intempestives des fontaines avec pompe et autres moulins à eau). Donc canal fictif mais écluse fonctionnelle.
Ensuite un organigramme s´est avéré nécessaire pour prévoir les différents modules mécaniques et électroniques (ou plutôt électromécaniques car à l´époque de la réalisation je maîtrisais mieux les relais que les 555 et autres C.I. !).
Le déplacement de la péniche : elle est tirée par l´intermédiaire d´un fil nylon bouclant au-dessous de l´eau et sous le plateau, pratiquement invisible grâce un entraînement sur poulie, et “navigue” dans les deux sens sur le canal.
Son arrêt et son changement de sens à chaque extrémité sont confiés à des relais enclenchés par un I.L.S. encastré sous « l´eau », un aimant se trouvant dans la cale du bateau. Une temporisation raisonnable intervient avant le départ dans l´autre sens. (À noter que la péniche est munie de roues pour un glissement régulier.)
Pour fixer les choses, imaginons la séquence entière du déplacement. [Vous trouverez ici une superbe vidéo de la scène, N.D.L.R.]
Départ du point amont vers l´aval, la porte amont est ouverte, la porte aval est ouverte. La péniche entre dans le sas et le même aimant actionne un I.L.S. placé sous l´eau du sas (plaque de contreplaqué de 5 mm et ajustée le mieux possible à la largeur du sas) et arrêt du bateau. Ceci déclenche alors le mécanisme de fermeture des portes amont qui lui-même, en fin de course, active le mécanisme de descente de l´eau dans le sas. La plaque est solidaire de 4 piliers coulissants dans des tubes et repose sur deux excentriques en nylon mus par un mécanisme réalisé à base de Meccano avec forte démultiplication. Des contacts fin de course arrêtent la descente, déclenchent le mécanisme d´ouverture des portes aval qui à son tour active le moteur d´entraînement de la péniche qui sort alors du sas.
À l´extrémité aval du canal, arrêt, inversion de sens et c´est reparti pour un tour !
Les mécanismes du sas et des portes sont semblables dans leur fonctionnement puisqu´ils possèdent de micro-interrupteurs pour les fins de course et pour l´enclenchement du mécanisme suivant. Ils tournent toujours dans le même sens (un demi-tour pour l´ouverture, un demi-tour pour la fermeture, idem pour le sas).
 Dépose de la charge sur le quai.

Mais, car il y a un mais, mon gendre admirant la manœuvre de la péniche m´a fait remarquer que la grue au bord du canal était bien statique et que... J´avais compris, encore un défi. Je m´y suis attelé et là, c´est beaucoup plus compliqué.
J´ai réalisé de toutes pièces un programmateur style machine à laver. Sa tâche est de synchroniser la montée et descente de la charge, la rotation de la flèche...
 
 Le canal côté amont.
... l´activation de l´électro-aimant chargé de “prendre” la charge, et le départ de la péniche une fois l´opération terminée. Je n´ai malheureusement pas établi le schéma définitif, je n´ai gardé qu´un brouillon. Le système a été ensuite modifié pour que la charge ne soit pas seulement transférée du quai vers la péniche et vice-versa mais aussi de la péniche vers un wagon plat d´un convoi s´arrêtant “pile-poil” au droit de la grue.

Et en plus seul, le train spécial affrété à cet effet ralentit et ne s´arrête que si la péniche est à quai ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Et pour compliquer encore j´ai ajouté des feux de signalisation aux entrées et sorties du sas !
Une petite remarque à l´usage de ceux qui auraient des suggestions à me faire : l´éclusier ne sort pas de sa maison et ne lance pas les amarres !

La page web de Jacques Doidic

Jacques
Doidic
Mai 2007.

N.-B. — Tous les dessins et photos sont © Jacques Doidic pour Ptitrain.
Ptitrain, l´e-magazine du train éclectique — Directeur de la publication : Christophe Franchini.
Rédacteur en chef : Jean-Denis Rondinet. — Rév. 17-05-2007 17:53